> Critiques > Labellisés


  • 11 janvier 2007 /
    Nomad
    “Lemon Tea” (Hue)

    rédigé par Benoit
      notez cet album


Les Shadow Animals ne seront décidément jamais fatigués. La nébuleuse d’activistes belges n’a eu de cesse depuis sa création de multiplier les projets et les collaborations en tout genre tout en infiltrant au passage les labels les plus attachants du moment. Cependant à y regarder de plus près cette acharnement à vouloir toujours occuper les premières places de la modeste actualité du rap indé européen n’a, qu’en de rares occasions, été suivi de sorties mémorables. Face à cette accumulation de demi déceptions, on avait fini par se faire une raison : les Shadow Animals ne parviendront sans doute jamais à rendre pleinement fructueuses ces multiples agrégations (Cavemen Speak, Gunporn et autres Zucchini Drive,) d’individualités pourtant talentueuses. D’autant plus qu’à l’arrivée, c’est bien l’album d’un homme seul, loin de toutes agitations collectives, qui réussit là où toutes les autres combinaisons avaient ces derniers temps plus ou moins échoué. Déjà auteur d’un duo remarqué avec le poivre&sel Epic chez nos amis canadiens de Clothes Horse Records, Nomad, il porte définitivement bien son nom, poursuit son petit tour du monde des bonnes adresses en sortant en catimini sur l’irréprochable label japonais Hue, Lemon Tea, album tout court, tout con mais au final tout bon. Pour Lemon Tea, Nomad c’est recentré sur l’essentiel à savoir lui-même et son petit univers d’artiste précaire mais téméraire, qui avec juste une guitare acoustique, une vulgaire boite à rythmes, quelques sons de synthé un brin désuets, et surtout une voix qui ne se serait jamais remise d’un vieux coup de santiags dans les rognons, vous organise un petit truc bien sympa. Cet album possède le bon côté des disques faits à la maison. Modeste et intimiste sans être simpliste ou obscure, parfois étrange mais jamais solipsiste, il évite la surenchère introspective de certains emo rap chiants qui, à force de jouer les mères pleureuses, finissent par ne plus toucher qu’eux-mêmes ou qui, à trop se contempler le nombril aux travers d’ego trip interminables finissent malheureusement par s’y perdre. Nomad fait du hip-hop certes mais autrement, un hip-hop qui aurait plus avoir avec Robert Wyatt que Public Enemy, un hip-hop à guitare agrémenté de petits plaisirs électroniques, un peu comme si Owen Ashworth s’était fait remixer par encore plus pauvre que lui et qu’on avait finalement remplacé son chant de nounours malheureux par le rap d’un clown triste à la voix d’enfant. Lemon Tea c’est peut-être lo-fi mais avec tous le guillemets de circonstances, c’est bancal, faussement naïf et habilement ridicule, c’est parfois profond mais jamais pour paraître plus intelligent et c’est toujours musicalement fécond et humainement sincère, bref c’est bon et c’est bien là l’essentiel.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.