L’indie Pop’n’folk, Helen Ferguson ne donne pas vraiment l’impression de l’avoir réellement rencontrée. Pourtant, la tête pensante de Queen Of Meadow semble en connaître les moindres recoins, la plupart des vertiges. Mais pas forcément les références que les plus engagés zélateurs du genre lui rattachent immanquablement. Bien sûr que les disques d’Elliott Smith ou Vashty Bunyan ont pu l’influencer, mais pas que. Et bien entendu qu’elle a pu les user à la corde sur sa platine. Le propos n’est pas là !

Car cette pop’n’folk, sérieusement, est plus belle, plus chiadée, aussi libre et sincère que ce qu’on entend dans ce registre. Comme si Helen et son compagnon, le génial orfèvre Julien Pras avec qui elle forme cette Reine Des Prés, cherchaient une manière de mettre à leur sauce aigre-douce les blancs laissés dans l’histoire de la musique pop, d’y saupoudrer leur grain de sel - et de piment.

Si ces deux-là jouent avec respect mais aussi inventivité dans les règles de l’art(y) folk et pop, ils font assurément partie de ce clan resserré des doux cinglés pour qui une bonne chanson est tour à tour un cabinet de curiosité, une cours de récré, une fabrique de vérité et une méthode de survie face à la morose adversité. Et à ce jeu sophistiqué et parfois ténébreux des frictions cruciales entre crudité des sentiments et passion du raffinement, les morceaux dingues de beauté de ce Survival Of The Unfittest, s’avèrent être, si ce ne sont les joyaux de la reine, du moins de mirifiques bijoux. Qui d’ailleurs pourraient bien sauver plusieurs d’entre nous. Merci pour tout ça !