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Miossec ne fera jamais mieux que Boire. Malédiction des grands artistes ayant frappé fort, au bon moment, au bon endroit, avec un premier disque qui correspondait totalement à ce qui nous manquait, à nous, auditeurs écœurés par la faiblesse des mots français, par notre médiocrité nationale – pendant que l’Angleterre et les Etats-Unis paradaient en force. Car Boire n’était pas seulement la révélation d’un grand nom, il était également, et finalement surtout, le parfait miroir de notre adolescence emplie de colères et de frustrations. Boire, en 95 : meilleur album cathartique pour les déçus d’un pays qui vénérait Cabrel et Bruel. Un disque français qui abordait, en plein dans la chair, la frustration sexuelle, les soirées alcoolisées dans une ville inconnue, les lendemains de cuite et le remord s’y affairant, les appels téléphoniques dépités, et puis aussi la position en D3 !

Depuis, Christophe a changé, il a évolué, à tous les niveaux (musique, paroles, production). Il eut surtout l’intelligence de ne pas dupliquer Boire jusqu’à l’ivresse. En acceptant de casser la route, de décevoir ou larguer ses premiers fans (qui ne lui en veulent pas).

Les paroles de Boire étaient si fortes, si générationnelles, que la suite du parcours Miossec, c’était moins bien… Baiser, deuxième album franc du collier, plaisait pour sa crudité. Mais A Prendre laissait entrevoir une écriture accès sur la thématique, le sujet, la réflexion. Miossec finissait par trop bien écrire pour nous émouvoir. Nous aimions les phrases crachées, vomies. Moins les jolies structures de 1964 ou Finistériens.

En 2018, avec Les Rescapés, Miossec parle de son pays (Brest) et du pourquoi il ne quittera jamais son île Tintin. L’album démarre très fort : Nous Sommes, Je suis devenu, On meurt, du grand Miossec, vindicatif, affirmé, personnel comme rarement – meilleurs singles pop de Christophe depuis… L’Infidélité ? En conclusion du disque, le magnifique La Ville Blanche achève les aveux du compositeur : loin de Paris, toujours à Brest. Le tout sur des rythmiques Casio (pourquoi pas ?) associées à de solides instrumentations.

Sauf qu’au centre de l’album, Miossec laboure des territoires un peu trop mécaniques pour lui : La Mer, Quand elle mort, C’est Méchant (Christophe s’autoparadie involontairement), La Vie Sentimentale (un inédit moribond de Baiser ?) ou Son Homme (belle chanson au texte un peu cliché).

N’empêche que : s’il arrive à Miossec de naviguer loin de nos écoutilles, nous restons fidèles. Nous écoutons. Nous aimons ou pas. Quitte à chambrer (avec gentillesse et amour) l’auteur de l’un des plus grands disques de tous les temps. À boire, encore, patron !




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