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J’ai un amour parfait, un amour intense fort et tout aussi grand qu’il est ignorant, pour la musique classique, bien sur j’ai un niveau moyen en culture, je connais Jarousky, je reconnais un verdi d’un Wagner, je sais discerner un requiem d’un aria, et savoure a pleines dents les sanglots longs des violons de l’automne et les flâneries des pianos de Beethoven, j’aime Dvorak, j’aime ce qui me soulève la peau a en détacher la chair, mais mon savoir sur le classique s’arrête au plaisir, et ne creuse pas plus loin. C’est un amour parfait. Alors j’ai un plaisir presque orgasmique quand des cordes s’enclenchent dans les rouages inattendus d’une étendue technologique. C’est ce qui arrive ici, l’orgasme, entre cet amour parfait et la passion effrénée pour les profondeurs synthétiques. J’en profite pour noter dans mes carnets ce retour en force des grands orchestres classiques dans le panorama sonore actuel, où tout grande voix et carrière qui se respecte a bien de se faire un concert accompagné de ces tribus en costumes nœuds-pap. Le problème n’est pas cette facilité de recomposer des best off pour ensembles et gospels, sinon d’aller plus loin, de créer avec eux, et cela, monsieur, n’est point aussi aisé qu’il ne parait. Il faut une solide base, semble-t-il d’envie. Si en plus il y a amitié entre deux créateurs qui ont une âme d’ingénieurs frustrés, le résultat ne peut être qu’un pont, que dis-je, un aqueduc entre passé et futur, entre câbles et cordes. Cet Ep., si tôt sortie depuis la sortie du dernier disque de Fyfe (le génial "The space between") n’en est pas moins une coupure, un léger changement d’air, comme sortir de chez soi après une quarantaine de cent ans. Oui, notre cher crooner câblé Paul Dixon, a la fois leader et membre du groupe, a confié un beau jours ses insécurités et doutes a son cher ami James Underwood, a la fois rêveur et chef d’orchestre du quartet Iska String, collectif classique a la base, mais s’unissant avec art a tout projet (XX, Vampire Weekend, etc.…), et de là, l’aube d’un somptueux et enrichissant petit monde nait de l’amour entre un câble et une corde. Petit disque majeur, cherchant à poser les bases d’un néo-re-classicisme, cette expérience se fait rapidement sous-cutanée, comme ces peintures expressionnistes allemandes qui chamboulent entre couleurs et noirs. Pour expression, peu de mots, seulement deux chansons sont chantées ( plus accrocheuses d’ailleurs, plus faciles d’accès) le reste de l’opus est un voyage entre froideurs et brulures, qui nourrit de questions l’auditeur, qui lui fait perdre pied, puis toucher terre, qui nous promène par instant solennellement et puis d’un coup sauvagement, des thèmes sismiques, qui soulèvent des soupirs, qui élèvent les esprits comme l’après-alcool, des thèmes qui apaisent l’instant de l’écoute, en laissant une trainée de fièvre sur nos fronts. On dira peut être que seulement deux chansons portent le drapeau de la voix chaude de Paul et que le reste est un travail serein de James, mais la moelle épinière de ce projet est pure musique, des émotions qui cherchent a s’exprimer sans mots, sans définitions, comme nues, incultes, naissantes , cheminant a tâtons entre le futur et le passé, dans un nouveau temps a conjuguer, avec l’élégance niaise des débutants au bal, et un arome a beauté inaccessible. Reste a se laisser bercer par ce complot sonore, a suivre ces mélodies comme l’on le faisait en écoutant Pierre et le loup dans nos classes de musique de primaire, a chaque âge, son classicisme, a chaque âge, son lendemain.




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