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Attention : avant de mettre Bran Coucou dans le lecteur disque de n’importe qui, s’assurer que la personne est prête à recevoir un océan de violence et de virtuosité dans la tête. Les personnes susceptibles de percevoir des effets positifs suite à l’écoute de Bran Coucou ont généralement goûté et apprécié avant Mr Bungle, Primus, et autres expérimentateurs un poil barré.

Après ce premier avertissement, il convient de présenter un peu ce qu’est PinioL : PinioL, c’est la fusion de Poil et de Ni, id est le bordel (dans le bon sens du terme, c’est-à-dire ceux qui n’ont peur d’aucunes explorations sonores) de Poil et le Math Rock violent et haletant de Ni ; soit une multiplication par deux des batteries, guitares et basses, qui viennent s’échanger la balle, se répondre et se compléter, acharner davantage les sons, creuser toutes les aspérités violentes qu’ils peuvent, tandis que le seul clavier restant parachève la fresque monstrueuse qu’on obtient.

PinioL, c’est alors une hydre à sept têtes qui multiplie ses moments de bravoure de façon à ce qu’on ne sache plus où donner de la tête, sans jamais pourtant perdre l’attention, sur des morceaux à tiroirs, longs et serpentueux, plein de surprises, de crasse dans les lignes de basse, de retenue malgré tout dans les percussions, et d’hurlements saugrenus qui rappellent le kobaïen de Magma. C’est une musique aussi bien saccadée et dure (ShoShin et ses coups de marteaux vocaux) que plus aérienne l’instant d’après ; une musique sans limite qui accepte tout le grotesque de la chose, qui jongle entre deux rives avec talent, convie le rock, la noise, le jazz à une ronde macabre d’où sort le maelstrom chanté sans langue prédéfinie, joué avec ce mélange d’autorisation de délirer et de sérieux dans la précision des motifs.

PinioL réussit ainsi l’exploit d’une cohérence totale dans le labyrinthe immense qu’est Bran Coucou : si l’on se perd facilement dans la masse tangible des nappes intenses, des sautillements des guitares, des batteries en saccades, chaque nouveau passage est l’occasion de retrouver un autre chemin riche en surprises, en étonnements, en délices de complexité, de nervosité jamais gratuite et soutenue des minutes durant ; le genre d’expérience marquante en studio, et sans doute inoubliable en live (c’est sans aucune surprise qu’on les retrouve à jouer au festival Rock In Opposition ensuite, aux côtés des Albert Marcoeur, L’Ocelle Mare ou autres anciens ou héritiers d’une tradition d’exigence de l’exploration musicale, de l’expérimentation).

Bref, un tel mastodonte n’arrive pas tous les jours chez nous, et même quand il y parvient, on en voit peut d’aussi généreux en proportion - plus d’une heure de vacarme délectable - et d’autant juste dans tous ses versants.




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