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« Snowballs - EP » est la seconde sortie de My Tiger Side. Elle date un peu, du 27 décembre 2015 précisément. Cadeau post-Noël ou Etrennes pré-réveillon, tout ceci n’a que bien peu d’importance désormais, à six mois d’intervalle. J’ai tenté plusieurs fois de coucher sur le papier virtuel de mon écran une chronique de ce disque, mais tel le flocon de neige dans la main ouverte, il émerveille et se dérobe dans la même seconde, et se rend insaisissable.

 

Je remets donc en écoute encore une fois ces 3 titres dans l’optique d’enfin en dire quelques mots. « Snowballs » est l’objet le plus ambient qu’ait sorti Rémi Saboul à ce jour. Tout comme il n’est pas aisé de mettre des mots sur la neige qui tombe, sur la grisaille qui s’installe, sur le froid qui saisit, la langue écrite a du mal à retranscrire l’essence de cette musique et la chronique a tendance à se dérober au fil de son avancée. Je poursuis malgré tout...

 

« Stalactite », qui ouvre le EP, déroule sur 8 minutes nappes de guitare et notes de piano répercutées, dans une atmosphère enveloppante et cotonneuse. Il fait bon se sentir baigné dans ces textures rondes et panoramiques, l’esprit reposé, accueilli au sein du son. « Snowflake » est un peu plus guitaristique, avec ses accords, sa mélodie égrenée, jusqu’à l’arrivée d’un mellotron fluté et choral. La musique avance en flux et reflux, par vagues, mouvante et alanguie. Sur la fin la mélodie revient, synthétique et démultipliée, abandonnant l’ambient du début pour un post-rock quasi immobile, ample et réverbéré. « Squamish », qui clôt le disque, est basé sur des arpèges de guitare filtrés par un écho réveur qui nous entraine à la dérive, et s’emplit progressivement de sonorités, synthé scintillant, basse mate, puis métallophone au lointain, qui lui donnent un air de musique de fête foraine ralentie en embrumée. Le manège enchanteur.

 

Evanescent, captivant et sensoriel, « Snowflake » saura charmer qui prendra le temps de s’y plonger, au casque ou au repos face aux enceintes. Magnifique même si très court, il confirme la place de Rémi Saboul parmi les alchimistes de la guitare, ceux qui savent créer des mondes oniriques au moyen de cet instrument dont le langage s’étend sans cesse.