Il y a dans l’âme (Je le sais, tout homme de mots a la science sure de s’inventer des certitudes pour embellir l’inexplicable), il y a dans l’âme des vols de particules qui créent des mondes comme l’on souffle des bougies, au ralenti merveilleux, détails inouïs des cellules qui croissent a chaque embrassement, et s’embrasent a chaque feu, ce sont des planètes qui naissent comme des éclairs minimes, étincelles armées d’yeux, armées de bouches, armées d’eux, désarmées d’elles. Il y a dans l’âme l’image qui traverse l’obscurité, le faisceau pourtant timide, qui découvre des couleurs dans les fonds de tiroirs, dans le dos des cloisons, dans les carapaces des chairs. Trouverons-nous dans ces univers d’étincelles, les mots suffisant pour maintenir l’incendie, trouverons-nous là les pas d’une danse sage, calme, comme un vol de poussière pris dans le rayon, trouverons-nous certaines passions qui n’ont encore de noms, mais que l’on baptise dans un murmure de sirène, que l’on susurre comme courant d’air, trouverons-nous dans ce chant, la cassure des frontières, la limite brisée ? Trouverons-nous le monde de nous ? Comme homme de mots (je le sais, tout homme de mots a la passion des voyages sur d’autres échines pour expliquer les arrivées) j’ai fait bateau, j’ai fait nef sur ces sons, j’ai navigué la voix lactée et la voix sève de deux chantres, et sur ces deux océans-mers j’ai fait naufrager des regards, comme pour les laisser là, guetteurs des lueurs volatiles, des tungstènes éphémères, vigilant des beautés qui font surface par surprise, impossibles a attraper aux creux des mains, mais faciles aux filets des cœurs, elles sont dans l’âme, ces eaux abreuvées de rives, ces étincelles ivres d’astres, elles sont dans l’âme, ces vies, appelons-les… rêves, épelons-les Alma et Kramies.

Dans la danse des étincelles, il existe une logique du chaos, un ordre des désordre, que l’on nommera mélodie, que l’on nommera respiration, les colonnes des panthéons, une fondation sur laquelle bâtir l’espace, en fait au bout de tout il existe une logique que l’on nomme rêve a bouche pleine, édifice malléable qui n’a de poutres que des frémissements de peaux, j’ai fait cette découverte assez peu, alors que des éclats fébriles de lumières se tamisaient dans ma chambre et que seule survivait la couleur bleu de l’écran de mon reproducteur, alors que mes yeux ne pensaient dormir, ils se fermèrent quand même, envahis d’âmes, engloutis d’impressions, esclaves subtils d’Alma et Kramies. Une découverte sur le fil de funambule, et même si l’on sait de Kramies, et même si l’on connait d’Alma Forrer, on est loin de savoir et de connaitre l’étendue des rêves qui naissent de ces deux chaos, on est loin de comprendre la logique de la magie, mais on de rapproche de l’illusion fantastique dans ce « Into the spark », on touche le rêve du bout des larmes, on sent son arôme du bout des lettres, la frêle Alma (quel beau prénom traduit a l’espagnol) et l’aérien (de l’éther en parfum) Kramies offrent un mouvement presque imperceptible du cœur, une palpitation de l’œil, un laps de temps en dehors des mondes. L’une est l’approche d’un cerf-volant a la joue d’un enfant, sage comme les cordes de la guitare, où la tristesse est un léger courant d’air qui s’éteint presque dans la proximité (le rêve, et tout homme de mots le jurera, est une part infime de tristesse et une part énorme d’absences). L’autre est le frôlement de ce même cerf-volant sur l’air, presque impossible à sentir tant son feulement est caresse, une version sensible de deux enfants jouant aux vieux, dans leurs larmes et leurs rires. Il n’est de meilleur rêve que ceux des meilleurs rêveurs, et ces deux légers funambules qui voyagent sur la lumière bleue de mon reproducteur, et remplissent les âmes de cette logique chaotique, de ces particules de lueurs qui traversent nos mondes. Il n’y a alors aucun autre monde à rêver que celui d’Alma et Kramies, il n’y a d’autres rêves à posséder comme monde que celui de Kramies et Alma, dès lors, soyez cerf-volant.