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Le premier EP de Rapid Douglas se nommait « Palm Trees & You ». Avec un titre pareil, le duo Yann Douglas / Peter Triangle semblait vouloir lorgner du côté des premiers Duran Duran (Rio, la plage, les yachts, les groupies eurasiennes et caucasiennes), mais non : parfois supportés par une basse curienne (tendance « Let’s Go To Bed »), les six titres de cet album renvoyaient à un curieux (et fort convaincant) croisement entre le Talk Talk new-wave, la vieille Casio et un état d’esprit indie-rock. Avec des textes comme Martin Gore en écrivait aux temps de « Blasphemous Rumours » (« my friend is so depressed / she’s like the weather / it’s not really bad »). On l’aura donc compris : les brestois cimentent une électro-pop qui pourrait provenir des années 84 / 85 (« The Party’s Over » croise le fer avec « Construction Time Again » pendant que Ralph & Florian comptent les points, les synthés de Nick Kershaw n’étant jamais non plus très loin). Certains parleront de « revival » (ce qui ne veut plus dire grand-chose tant, nous le savons tous, la new-wave est un genre musical dorénavant aussi important et précurseur que le punk ou le trip-hop). Et puis merde ! nous n’avons pas vécu notre adolescence à louer allégeance aux Pet Shop Boys ou à Dave Gahan pour aujourd’hui retourner notre veste. Oui, en effet, la synth-pop et la new-wave furent les plus cadeaux que les 80’s nous offrirent.

Avec leur deuxième EP (« Waves », tout simplement), les musiciens de Rapid Douglas brouillent néanmoins les pistes. « Be Honest » commence tel le Simple Minds de « New Gold Dream » avant de se nimber d’un curieux voile mélancolique qui empêche de clairement situer le morceau. Les synthés énormissimes n’aident également guère à positionner l’auditeur : pastiche idéal ou bien décalque malin ? Le titre « Waves » clarifie les choses : à l’instar du Daft Punk originel, Rapid Douglas puise dans le cheap et le vintage afin d’en extirper des mélodies infernales et des refrains qui collent à la peau. Le chemin semble alors directement tracé pour une attendue réhabilitation Tears For Fears, or pas du tout : avec son ambient tendance Fripp / Eno, le superbe « Dimension » arrache l’auditeur à ses souvenirs new-wave pour le plonger dans une musique songeuse, finalement inquiète. Retour ensuite aux synthés limite Eurytmics avec le plutôt foudroyant « Wolfes ». Au final, un chef-d’œuvre : instrumental, ni vraiment House ni vraiment pop, marqué d’un parrainage argentien (voir le clip qui expérimente autour d’une séquence culte d’« Inferno »), « Go ! » est un titre à s’infuser en boucle tant les machines décrètent ici la suprématie de l’émotion sur les incartades chimiques.




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