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Voilà, je commence à retrouver des artistes sur lesquels j’ai déjà écrit. Des artistes que j’ai souvent découvert par le biais des chroniques d’ailleurs. Allez va, merci à GDO au passage !

J’ai déjà eu affaire à Lozninger (désolé mais je n’ai pas un clavier norvégien moi, donc on se passera du "o" barré) et j’avais beaucoup aimé.

Alors va t-il réitérer ? Oui...ou plutôt OUI !!! Si le titre laisse présager un nouveau départ, j’aurais envie de rétorquer que le précédent en était déjà un. N’empêche, "A new start" commence par une pochette aussi étrange que belle. Et vite je reconnais ce que j’avais aimé auparavant. Lozninger a un talent particulier car sa musique évoque beaucoup d’images. Ses morceaux sont comme des scénarios, et le mixage est un véritable montage, partie intégrante de la musique, quasiment un instrument du projet.

On commence forcément par le morceau "A new start", beau, lent, avec une certaine tristesse rendant le titre paradoxal. On ressent un côté Sparklehorse, notamment dans les distorsions. "You & Me" ouvre une autre dimension musicale, la mélancolie est plus diffuse pour un morceau où plane l’ombre d’Elliott Smith. Alors oui peut être trouve-t-on une raison ici ? Deux références, deux suicidés, deux partis. Un nouveau départ...comment interpréter ce titre ? La pochette nous montre une enfant regardant une sorte de représentation de planète coincé dans l’angle d’un mur, alors belle image ou sens fort (genre planète coincée face à nous, mais un probable nouveau départ grâce aux futures générations), il semble que ce soit les deux, car les morceaux de Lozninger sont chargés de sens mais aussi d’une esthétique forte qui lui appartient. Il l’a creusé, passant par les chemins d’Hood, mais depuis il peint ses propres marquages.

Avec ce disque Lozninger offre sept morceaux excellents (le magnifique "Catskill" aux chœurs beaux comme dans "there’s no way out of here" de Gilmour), mais surtout un gros point fort à son identité. Avec ses anges gardiens, il perpétue une idée précise de la mélodie, de sa place dans un ensemble, magnifiquement démontrée dans "Flows" et sa progression.

Et peut être qu’avant tout sa recette tient dans le fait que les morceaux sont assez clairs et simples à la base. Leur essence serait suffisante, on les sent composés avant tout façon feu de camp : guitare sèche et quelques heures de solitude. Le reste vient après, on embellit, on ajoute (beaucoup, mais toujours de façon intelligible et avec le sentiment de nécessité). Le contraire arrive assez voire trop souvent pour que je souligne ce trait, car si identité il y a dans l’esthétique, elle est aussi bien présente dans ses mélodies, ses sensibilités. A l’instar de Mark Linkous qu’on aurait aussi facilement reconnu s’il n’avait eu qu’un ukulélé pour nous émerveiller. Ultime preuve avec le très bel instrumental "Eternal regrets" qui finit sur touche presque spatiale et assez cinématographique. Alors ma foi, reviens-nous vite après ce nouveau départ, je t’attends pour la belle !