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Au début de l’album je me suis dit : "Mince ! Encore un ènième Animal Collective !" Et puis en fait, plein d’éléments arrivent et me font penser à Syd Barrett (pour la guitare), à Doug Seidel (pour l’utilisation de sons étranges, inhabituels dans la pop ou bizarrement mariés avec d’autres), à Bob Drake (pour les réverbérations, la mise en espace), à People On Holiday (pour le timbre de la voix se rapprochant de celui de Eric Cihigoyenetche), au Kinks (le côté pop anglaise), à Jim Noir (lui aussi très anglais), à David Fenech (pour les rythmiques utilisant des corps sonores mixé à des sons synthétiques, des congas...), à une pop anglaise psychédélique, au blues... avant la fin de la première chanson, le "collectif animalier" est oublié pour la "brigade" et ses commis. La description de l’album sur le site internet du label Grandmas records dit : "The Prime of a Still Life se passe dans une cuisine. Un homme y attend sa promise. Du crépuscule jusqu’à l’aube". Deja Mu me donne faim et soif avec son Appetizers And A Dozen Beers : "roast cherry tomatoes with cucumber sauce / garlic breads and cauliflower sticks / guacamole toasts and spinach dips / and a dozen bottles of beer waiting for us...". Vegetable Man. Du début à la fin dans la cuisine. Dans The Cauliflower And The Fiddlehead Fern on assiste à la rencontre d’un chou-fleur et d’une jeune pousse de fougère (j’apprends, en cherchant un peu, qu’on mange les fiddlehead ferns en Amérique du nord et en Asie) qui se mettent à danser ensemble. Un peu à la manière d’une chanson comme I Know An Old Woman Who Swallowed A Fly (ici chanté par Pete Seeger : http://youtu.be/rxDJAykpCgI) les paroles de A Grape, A Pear, A Mango And A Banana reprennent la forme de chansons traditionnelles dites en laisse (anadiplose). Des fruits en laisse, Deja Mu en laisse dans sa cuisine, attendant sa dulcinée. Désespéré, dans l’eau de la vaisselle ! Les guitares acoustiques ou électriques sont très présentes mais on entend du synthétiseur, de la vielle à roue, du banjo, du métallophone, des flûtes, des congas, des claps, des machins, beaucoup de chœurs, du tambourin, une sorte de mellotron, des bouteilles, des boîtes à rythmes, des maracas, des sifflements, des batteries, des trémolos, des réverbérations, des distorsions, encore de la vielle à roue, un violon, encore des réverbérations et la voix de Philippe Bellet, LES voix de Philippe Bellet, en anglais. Un gros travail d’espaces avec une grande quantité de plans. Encore de la vielle à roue ! Là :

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/2

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/4

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/6

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/8

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/10

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/12

- http://grandmasrecords.bandcamp.com/track/14

ouais... enfin, sur chaque interlude en fait ! Le deuxième instrument clef dans cet album c’est la vielle à roue. C’est quand même assez rare dans un disque de pop pour que ce soit souligné ! Aviez-vous entendu la vielle à roue qui se cache dans l’album Third de Portishead dans le morceau Magic Doors (http://www.deezer.com/track/1089662) ??? Ou encore dans Ebb’s Folly du Boxhead Ensemble feat. Jim O’Rourke & Will Oldham pour la B.O. Du film Dutch Harbor : Where The Sea Breaks Its Back (http://www.deezer.com/track/1677017) ???Revenons à notre cuisine ! Justement il est question de cuisine, de bidouillages comme les chœurs réverbérés ou les sifflements qui me font penser à un autre disque plein de bidouilles : Music From The Body (1970) de Roger Waters & Ron Geesin, avec le même genre de réverb. Comme ce dernier, The Prime Of A Still Life est plein d’humour. De [drôles de sons, de drôles de mots. Philippe Bellet ne se prend pas au sérieux et tout ça est très distancié, pour reprendre un terme de mon amoureuse. Entre chaque chanson une plage instrumentale sans titre, chaque numéro pair est dépourvu de paroles. Il n’y a aucun blanc dans cet album - ou presque pas. Chaque plage est enchaînée de sorte qu’au bout d’un moment on ne sait plus où on en est, du coup les 38 minutes passent vite. 8 chansons / 7 interludes / 34 ingrédients / 1 nuit / 1 cuisine / 1 homme / 1 femme absente / 1 album Je lève mes 12 bières à Philippe Bellet !

Album à écouter ici : http://grandmasrecords.bandcamp.com/album/the-prime-of-a-still-life




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