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Quatre ombres dessinées par une lumière qui renvoie deux décennies en arrière, ainsi s’offre à la vue le second album du quatuor strasbourgeois A Second Of June. ’Psychodrama’, avec cet artwork qui invite parfaitement à l’univers qu’il suggère, est un disque de lumières synthétiques et d’ombres humaines, comme une dualité homme/machine qui trouve une communion à travers une musique lunaire, véritable pont de 25 ans empruntant tant aux meilleures références des souvent regrettables 80’s qu’à notre époque. Plutôt qu’un regard en arrière, c’est une musique entre deux mondes qu’on découvre, un disque suspendu dans le temps. Les guitares répondent à un clavier presque anachronique, donnant un effet de froideur à des mélodies subtiles et sombres. La batterie très propre renforce encore plus le trait stylistique cold et new-wave, tandis que les voix cherchent et provoquent des émotions pures. La composition est limpide, chaque instrument a une place et une part dans la construction mélodique. Loin d’une stérile tentative de revival, A Second Of June a compris que la nostalgie est une camisole pour la composition. Dans ce psychodrame au son presque médical, les textes apportent une dimension encore plus lointaine, quand dans une symbiose parfaite, deux voix chantent leur désir de vivre et aimer violement, trouver un endroit pour se reposer d’elles-mêmes. La musique pourrait être une cure dans un monde sans dieu ni sens (Etching). Les paroles parfois maladives renforcent les tensions contenues dans les magnifiques harmonies. Rarement des textes auront trouvé une telle concordance avec le traitement du son, et rarement le son aura été si constitutif de l’identité et de l’univers d’un groupe. D’une cohérence forte, cet album s’avère être un grand moment de musique, mais aussi un moment de lecture presque suffoquant (The Gallery). Un vrai psychodrame en 11 titres, étonnants de diversité, servis par une esthétique froide, qui plutôt que de s’inscrire dans un courant, visite les époques et les styles, créant ainsi de vraies surprises au cœur même des morceaux. L’intro de "Peanut" étonne avec une guitare sèche bientôt suivie d’un tambourin, instruments organiques par excellence, ponctuée par un clavier rappelant là où le groupe veut nous mener. "The valley of the assassins" enchaîne une intro presque martiale, avant de s’ouvrir sur un riff spatial. "Etching" offre une construction par palier très bien pensée, comme une entrée en douceur dans l’univers de cet album mature, un album de passionnés de musique avant tout. On entendra qu’ils ont acquis cette maturité sous l’œil bienveillant d’aînés tels For Against, The Cure, And Also The Trees, mais les influences ont été à ce point absorbées qu’A Second Of June en propose une visite et une continuité. Comment être d’esthétique 80’s en 2011 ? Psychodrama en est peut être la réponse. Le label Hertzfeld, actif depuis 2005 nous propose encore une sortie de grande volée, tandis que Specific offre, pour sa première sortie, une édition vinyle de l’album, disque blanc, avec téléchargement inclu. A découvrir aussi sur scène lors de leurs prochains passages !

Barclau




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