> Critiques > Labellisés



Le plaisir des vacances, c’est à la fois la découverte, mais aussi le partage, même avec nos proches avec qui nous vivons, mais avec qui nous évitons certaines rencontres, comme celle des disques qui tombent à intervalle régulier dans les boîtes à lettres ou mail de votre serviteur. Alors si la veille des vacances, je charge toujours dans mon ipod des standards qui font le bonheur de la famille, j’ai cette année oublié d’enlever les disques à chroniquer. Cela m’a valu des répliques du style « la voiture à un problème, la clim fait du bruit » alors qu’une compilation électro polonaise déchirait le calme de la campagne vosgienne, un « on ne pourrait pas abréger les souffrances de chanteuse » après les vocalises d’une étudiante d’art new-yorkaise se prenant pour Yoko Ono, ou alors le toujours cinglant « il va en vendre un à sa mère morte » pendant l’écoute d’une relecture des œuvres d’un compositeur Moldave à la flûte de pan (bon, là, c’est juste pour la chronique).

Pour Will Guthrie, la sentence est arrivée de la bouche de ma fille qui n’en n’a que pour Billie Eilish depuis la fin , « ’est quoi ce truc, c’est de la musique ». Là, deux alternatives s’offraient à moi. Soit jeter ma fille et son adolescence dévastatrice par la fenêtre, ou dans un cours d’eau (La Vologne traverse notre lieu de vacances...les anciens apprécieront.), ou bien tenter de lui expliquer que la musique n’est pas qu’une question de mélodie et de suite d’accords parfaits.

J’ai opté pour la seconde solution, l’investissement dans ses fournitures scolaires ayant émietté le budget familial, il eut été dommage de ne pas les utiliser.

J’ai d’abord parlé de Will Guthrie, Australien de naissance et Nantais d’adoption, lui montrant que l’adaptation ne passant souvent pas le langage, il a inventé le sien, faisant de sa musique un passeport universel, même si au premier abord le choc pourrait s’expliquer.

Ensuite, je lui ai parlé du partage. Partage des sons, partage des découvertes, partages des rencontres et des confluents dans lesquels Will Guthrie nourri la matière de ses disques (il cite sur la pochette ses influenceurs.).

Pour finir, je lui ai lu une partie de la feuille de presse résumant parfaitement l’essence même de ce disque « Les douze titres de ce second “People Pleaser” combinent et agencent les enregistrements de terrain, boucles entêtantes, dis-torsions, citations musicales piquées sur des disques de chevet, moments capturés lors de voyages, mélodies et chansons captées dans des programmes télé asiatiques, voix provenant d’une réunion de famille ou d’un obscur rituel exotique... »

Ma fille a alors instauré un dialogue avec les chansons, tentant d’apporter sa pierre à l’édifice, rougissant d’avoir moqué ce qui au final est un terrain d’expression libre et jouissif, un sommet l’exaltation. Merci pour le moment, merci pour le dialogue.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.