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Il y a eu « la Fossette » , il y a eu « #3 », il y a maintenant « La Reproduction », deuxième album d’Arnaud Florent Didier, la troisième lame de fond de la nouvelle vague de la chanson d’ici. Oeuvre monolothique, trou noir dans lequel toute la matière par essence se voit aimantée. « La Reproduction » pour le résumer en une phrase serait comme un film de Rohmer que le réalisateur français aurait réalisé avec un scénariste du Dogma de Lars Van Trier. Un ton faussement désuet sur un des thèmes qui nous déchire tout une vie, la famille. Alors le postulat sera simple pour vous parler de ce disque, nous vous offrons une première chronique, froide comme un catalogue, une énumération des titres, une appréciation, avant de revenir dans un mois, avec le recul qui ira avec.

C’est avec « France Culture » que s’ouvre l’album. « France Culture » est un catalogue que Diabologum aurait voulu rendre poétique, AFD lui en fait une suite de flèches acerbes et froides, comme si l’amour n’était pas toujours là où on l’attend. Sur une structure classique, AFD y déploie une intelligence dans les arrangements. On y sent tout à la fois une atmosphère malsaine au milieu de l’amour (L’Origine Du Monde), Courbet ici non plus par la vue, par l’odeur, une façon surprenante de parler de la naissance du monde, de cette peur face à l’inconnu. Avec « Imbécile Heureux » tout est sautillant et enjoué. Ce morceau frôle la caricature avant d’outrepasser. Ici tomber amoureux n’a jamais été aussi réaliste, pour qui a déjà été amoureux, connaissant ce sentiment bebette, d’être amoureux (je bronze dans tes yeux). Une version pop de Jules et Jim sous le haut patronage de Michel Legrand, un titre que Jacques Demy aurait incorporé dans un film sur la petite bourgeoisie parisienne. En réponse AFD prend la voix d’une auditeur de « Imbécile Heureux », comme si AFD s’auto satisfaisait de ses chansons, réalisant le rêve d’un chanteur narcissique, qui ne rêverait que d’une chose, être sur scène, mais aussi dans la salle, se voyant, donc voyant le meilleur concert possible. AFD est un amoureux très loin d’être imbécile. « Reproductions » est aussi une prouesse musicale qui change son rythme progressivement. Après les parents, la critique de la famille continue, sur la lâcheté supposé de son père, le tout caché sous un jeu de mot hilarant « mémé comment c’était mai 68 ». L’occupation n’était elle pas collaborative chez pépé ? vous le saurez si vous continuez à écouter ce disque. En bon disque cinématographique, la salle de cinéma devrait nous ouvrir ses portes. « Je Vais Au Cinéma », n’est pas une critique du cinéma, non car celui ci est avant tout dans la salle, comme si chez AFD, c’était l’écran qui regardait la salle, avant de donner le la à une nouvelle histoire quand les portes s’ouvrent. Une poursuite amoureuse, prétexte à une promenade dans Paris. Puis arrive « Ne Sois Pas Trop Exigeant », morceau le plus impressionnant de ce disque. Une introduction, qui laisse monter la tension, ensuite c’est une cavalcade au piano, une ode, qui reproduit tout en étirement l’introduction. On pense encore ici à Diabologum, de la fraicheur en plus. Chez les toulousains on était chez Eustache, chez AFD on est plus chez le Lelouch des débuts, ou chez Truffaut. Il y a une touche romanesque adaptée au petit rien de l’existence. Après cette séance hypnotique pendant laquelle AFD nous avoue son impossibilité de s’habituer aux choses qui finissent. Après un clin d’œil à Bowie (My Space Oddity) servant de caricature vacharde de la nouvelle amitié virtuelle, c’est un « Risotto Aux Courgettes » qui est utilisé comme un outil de séduction, la table comme des préliminaires d’un nouveau genre. "Pépé 44" sera un écho à « Mémé 68 » avant « Si On Se Disait Tout », comme une rédemption, une en faisant parler les souvenirs de son père, il semble parler à un de ses enfants. Teinté de nostalgie et de romantisme, ce titre répond à « France Culture », avec cette phrase comme un rebond émouvant « si on se dit pas tout, c’est pas grave papa ».

Difficile d’en parler autrement, les sentiments sont si forts qu’une lecture linéaire s’imposait. C’est froid, c’est dénué d’une certaine recherche stylistique de ma part, mais la suite arrivera, après un mois d’écoute, car « La Reproduction » mérite que l’on s’y attarde plus que d’autre disque que l’on laisse mourir après un papier. A dans un mois pour les sentiments nouveaux.




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