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Il faut savoir écouter ses amis car ils sont souvent de bons conseils. La preuve avec Benjamin Biolay. Une amie m’a dit qu’elle écoutait en boucle son dernier album. Curieux, j’ai voulu en savoir plus sur cet artiste que je connaissais peu. Bien sûr il a fait la couverture des magazines pour sa relation avec Chiara Mastroianni. Mais l’histoire avec Chiara est depuis longtemps terminée et l’homme semble s’être affirmé au point de se faire quelques ennemis dans l’univers musical, Bénabar et Zazie en tête.

La Superbe a donc pour sujet la rupture comme souvent dans les albums de Benjamin Biolay. Aussi on pourrait croire que le garçon va se répéter et que cela ne va pas tenir la distance. Mais on éprouve beaucoup de plaisir à écouter un chanteur qu’on découvre blessé par la vie et non un homme lisse. On passe par toutes les émotions en écoutant les 23 titres d’un album à la musicalité étonnante. Il n’y a pas de points faibles à ce chef-d’œuvre (osons le dire) qu’on peut comparer dans l’œuvre musicale de Benjamin Biolay au Melody Nelson de Gainsbourg.

Peu importe l’amplitude vocale du garçon - tout le monde n’est pas Obispo ou Pagny et c’est tant mieux pour nos oreilles - l’intérêt est ailleurs, dans les textes et les arrangements. Les premiers reflètent le quotidien d’un homme blessé par les coups de boutoir de l’existence comme chacun d’entre nous peut en recevoir. Il pointe les petits faits et gestes qui jalonnent l’ordinaire d’une vie amoureuse jusqu’à la rupture. Et il excelle dans cet exercice. Jouant avec la langue française avec habileté, alliant texte travaillé aux allitérations gainsbouriennes et langage aux mots crus sans pour autant être vulgaire : « Je te dis à plus tard et j’embrasse ton cul ».

Musicalement, il pioche un peu partout, vagabondant entre pop, jazz et électro. Les cuivres sont très présents dans l’album, saxo et trompette en tête, résurgences sans doute de ses années passées au Conservatoire de Lyon. On mettra en avant la chanson La Superbe reprenant la mélodie d’un titre de Morissey « The teachers are afraid of the pupils » sur un tempo plus rapide, des titres comme Night shop (si on ferme les yeux Delpech est dans les parages), Ton héritage (dédié à sa fille), et le magnifique Brandt Rhapsodie avec Jeanne Cherhal. (Nous sommes ici les spectateurs de la naissance, la vie et la mort d’un amour par post-it interposés).

Un album pas ordinaire sur le quotidien ordinaire d’une vie sentimentale faite de hauts et de bas, d’amours intenses et de ruptures. Une vie tout simplement. Superbe !