Avec ce nom et cette pochette, comme tout droit sorti d’une surplus de l’armée russe, Mintzkov nous encourageait à l’écouter, comme peut nous encourager à l’écouter Prince avec son nouvel album. Une pochette donc moche, un nom à nous rappeler la moisson de médailles des équipes de Brejnev en 1980, « 360° » ne nous tournait pas la tête. Mais il aura fallu le hasard d’un matin brumeux, quand le bout des doigts ripent maladroitement sur l’écran de l’ipod, pour je tombe, bien malgré moi sur un disque que je devais laisser sous silence, sans les relances d’un attaché de presse. Non là le hasard en aura voulu autrement, et ma surprise était énorme, pensant même que j’avais ripé un nouvel album de Deus, sans m’en apercevoir, comme cela m’est arrivé avec le dernier Prince. Même voix, mais absence de rage, même tension, mais absence de catapultage. Mintzkov joue avec nos nerfs, arpente les cordes des guitares sans cordage, ayant toujours à l’esprit la possible chute. Grace à cette idée les chansons ne dérivent jamais vers une matrice FM qu’il pourrait tendre à utiliser. Sur un fil, « 360° » l’est car il fait plus que songer à Deus (« Return and Smile » comme un hommage quasi évident), mais jamais on ne criera au procès pour ronéotypage. Déjà car les accidents, les sorties de routes ne sont pas de « 360° ». Là où Deus vous ballade dans l’Ouest américain pour vous faire tomber d’un falaise droit dans une banquise surchauffée, Mintzkov fonce droit dans un mur qu’il nous promet, et si il voit une belle fleur au loin, il ira la chercher même si le chemin est escarpé. Mintzkov aime les lignes droites avec dénivelées, là où Tom Barman et son gang ne pensent qu’à sauter par dessus les glissières de sécurités pour rejoindre des routes improbables. Un grand disque rock sous tension, mais sans hargne, jouant de ce chant partagé où la douceur domine. Vivement l’autoroute pour Anvers, « 360° » à fond, comme on écoutait les Breeders (« Ruby Red ») et autres Throwing Muses, en descendant en vacances. Belle claque.