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Une copine punkette me disait récemment : « A Découvrir Absolument, c’est de la cold-wave pour quarantenaire ». Ce à quoi je lui répondis : « pas seulement, on parle également de shoegaze ». La preuve avec ce nouvel album des furieux Have a Nice Life. Et encore, l’appellatif shoegaze serait-il adapté aux tortueux méandres de cette musique indocile, bruitiste, archi droguée, effrayante pour tout dire ? Pour une fois, les noms de Kevin Shields et des frères Reid ne viennent pas à l’esprit. En fait, « The Unnatural World » n’évoque pas grand-chose sinon un KVB sacrifiant des brebis au nom de la déesse guitare : depuis longtemps, rarement un album rock (et encore, il y a ici comme un au-delà du rock tant le mur du son est franchi avec déraison) n’avait semblé aplatir les quatre murs du bureau, détruire le corridor qui nous éloigne du monde et fracasser l’étroite frontière séparant la folie douce de la psychiatrie recommandée. Autant-dire que cet album est vraiment parfait pour faire chier le voisin qui passe ses soirées à écouter France Inter.

Have a Nice Life s’autorise toutes les libertés : sursaturations de guitares aussi aliénées qu’un film de Zulawski (j’ai fait le test : enchaîner « The Unnatural World » après énième vision d’un chef-d’œuvre d’Andrzej – ça fonctionne), morceaux avoisinant les neuf minutes pendant que les strates se superposent jusqu’à l’inquiétante étrangeté, atmosphères messianiques qui redonnent envie de se plonger dans quelques lectures théologiques, chant ravagé mais incandescent comme si Michael Stipe avait posé sa beauté harmonique sur des compositions signées Sunn O)))… Parfois, comme sur le sublime « Unholy Life », Have a Nice Life rappelle les spectres du New Order post Joy Division (lorsque les chansons hésitaient encore entre le ténébreux et le besoin lumineux). Car oui : en grattant bien, « The Unnatural World » regorge de mélodies et de refrains qui laissent pantois. Sur ce point, outre The KVB, le nouvel album de Have a Nice Life pourrait tenir lieu de cousinage avec le monstrueux « Join the Dots » de Toy : derrière l’apocalypse sonore (façon Jugement Dernier), les chansons sont bel et bien là ; derrière la virulence du chaos, que d’harmonies ciselées ! Difficile d’en revenir…




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