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Sous les coups francs et massifs du tom basse de la batterie de "O’ Anna" (dernière plage de la compilation ada v16), 2 filles viennent s’évanouir sur le parterre vide du café de la danse, Benjamin avec sa voix grave les hypnotise singulièrement, on le compare à Elvis Costello, mais je préfère la comparaison avec Simon Huw Jones, le chanteur d’ And Also the Trees puisqu’on est dans le sombre clairement... sa voix pourrait être aussi une voix off de film projetant de l’hémoglobine sur l’écran, il raconterait de vieilles histoires de vampires dans une ville mouate et noire. Benjamin avec sa basse pose des sons brutes comme des pierres, celles qui dorment dans les monastères séculaires, Antoine à la guitare donne le change, toujours en décalage dans la première partie du concert, la basse construit des voutes froides, et lui fait rugir ses cordes, lapant de grandes gorgées de vin couleur sang avec sa flamme de langue. Les deux hommes sont vraiment complices, une complicité consanguine, saine, mais affolante, deux frères qui jouent aux diables. Benjamin serait l’ainé jouant le moine, tirant les ficelles de son disciple de frère (Antoine), pour l’emmener dans le côté obscur de sa bâtisse froide, lui enseigner le dépassement de sa frustration, lui montrer la voie qu’il lui a tracé. Antoine enfin prêt prend la place physiquement de Benjamin, son chant devenu plus vigoureux témoigne de son émancipation, réjouit et comme fou Benjamin s’empare du clavier et semble rajeunir dansant et sautillant. Belone Quartet a ébloui son audience ce soir, avec des rythmes qui vous frappent la poitrine, et une potion de magie sur scène rare et diablement jouissive, leur musique se prête totalement à l’exercice de la scène, l’ambiance, bien que sombre est parfaitement incarnée, pour que l’on ne ressente jamais le moindre malaise, mais la fascination.