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LA personnalité de David Thomas, chanteur du groupe mythique, mais oublié PERE UBU est terrifiante, cet ogre de 2m vêtu d’un imperméable 3/4 en daim et d’un chapeau de pêche cache sous sa barbe, une âme torturée en quête de vérité émotionnelle et de contact brut avec une audience médusée ce soir au Bataclan.

Il est donc l’invité de RB, pour l’accompagner un guitariste émérite armé de pédales d’effets... David Thomas chante pour exorciser ses démons, sur des accords de guitare torturés, un rock minimaliste et destroy, sa voix est miraculeuse, elle est pleine de bleues, toute en souffrance "life is so hard, please help me, I’m living by myself, I need someone.....DIE...DIE....DIE" ça vous arrache les tripes, ce soir j’ai entendu David Thomas hurler....

RB entre seul avec une guitare, son public fidèle le met tout de suite à l’aise, sa voix chaude rassure, et arrive à envouter le fond de la salle toujours dissipée vers le bar....

RB chante "personne ne meurt jamais", et on l’on devient immortel, lorsqu’il chante "le cheval s’emballe »-l’on hennit...

Ensuite présentation d’un titre du prochain album valley session, et heureuse surprise, c’est une reprise de "Joy Division" love will tear us apart" qu’il joue avec sa rage mêlée à sa sagesse qui le caractérise, RB est un esthète !

l’enseignement continu avec une leçon d’arabe,"le verbe en arabe n’a pas d’infinitif, on le présente au passé," c’est une musique post rock pour tableau noir...

Il pointera sa guitare comme un canon sur "ensemble", il n’ira pas à Miami, quand le silence s’installe dans le morceau, c’est un instant profond de réflexion, mais proférant sa menace, je ne suis pas ton complice, il appuie sur la pédale de disto et la salle s’embrase...

Seul avec sa guitare et ses machines, RB est un enfant s’amusant avec son train électrique. Nous somme à l’intérieur de la locomotive, RB est un conducteur hors pair, qui ne nous secoue pas le ventre gratuitement, ni ne cherche le frisson du looping, c’est avec classe que nous voyageons dans sa musique, de l’Afrique à l’Amérique, des déserts éclairés par une pleine lune ou des montagnes sublimées par un couché de soleil..

Le mélange de chansons aussi comme le mélange des cultures est une réinvention, comme en témoigne cette version incroyable du "passenger" d’Iggy Pop, qui rejoint par David Thomas chantant en alternance "on Mars, there’s no women" ajoute encore en émotion et mélancolie au dernier trajet musicale de cette soirée avant tout de même un "billy the kid’ ou David thomas toujours présent sur scène va hurler à la mort dans le dos de RB toujours amusé, et puis aussi il hurlera dans le public, et puis un peu partout et disparaîtra.

Le rappel évidemment nous offre un sacré bonus, une version guitareburgesque de radioactivity de kraftwerk, RB fais glissser ses doigts sur tout le manche comme un irradié de Tchernobyl, survivant à cette expérience unique, qui monopolisera chimiquement mon activité cérébrale pendant 10mn, je témoigne par cette chronique du genie de rB à s’approprier les morceaux cultes, et ça c’est une bonne nouvelle pour valley session son prochain album qui en contient tout un wagon.

L’album "Valley session" dont la pochette a été réalisée par Grégoire Hespel, un peintre ami des 2 comparses, est dans les bacs depuis lundi.