De manière un peu ironique, c’est le chaton asthmatique qui donne aujourd’hui un nouveau souffle au remarqué premier album de Shara Worden, Bring Me The Workhorse (Asthmatic Kitty/Differ-ant) qui ne manquait pourtant pas d’air. Le label confie à treize esprits malins le soin de revisiter les titres d’un disque que l’on savait déjà hanté et un peu foufou dans sa tétête quand il s’attachait à faire rentrer des ronds dans des carrés en présentant l’âme de la musique classique au corps d’une pop lyrique sans collier, mais que l’on découvre désormais bien perché. Cette semi-collaboration entre l’Américaine qui connaît son Purcell et son Debussy et les adeptes de Virtual Dj -parfois des amis, parfois pas (" avec ces derniers ça s’est passé un peu comme pour la drague sur internet, tu regardes leurs profils pour voir si ça peut coller et tu croises les doigts pour que le premier rendez-vous ne soit pas un fiasco. " confie Worden)- méprise les styles, s’ébroue d’une ambient tout en glitchs (" Dragonfly " relu par Murcof, " We Were Sparkling " lifté par Haruki) à un minimalisme qui fout les miquettes (" Gone Away " par David Michael Stith), d’une electro qui tape à la tête et vise les jambes (" Freak Out " maltraité par Gold Chains) à une drum’n’bass névrotique (" Freak Out " par DJ Kenny Mitchell cette fois) et traverse les frontières (Alias, Lusine, Murcof... votent en Belgique, en France, au Mexique, au Royaume-Uni...). Au total, un disque très recommandable qui place son modèle dans une lumière neuve et sublime la voix de Worden, cette Kate Bush avec du khôl aux yeux. Le diamant n’en finit plus de briller.