« Seal Folk » : c’est accompagnée de ce titre en particulier que je commence à entrer dans l’album-animal d’ Allison Burik. Sur les trois premiers morceaux, la présence de John Lurie était palpable, celle de Thomas de Pourquery également. Oui, c’est du saxo. L’ auditeur pourrait à son tour démarrer l’écoute de Realm par ce quatrième titre. Pourquoi ? Non parce que c’est un morceau très long à savourer (3 minutes 25 en tout) mais parce que le « soundscape », les sons de pas que l’on devine fouler du gravier, l’île sur laquelle est bâti ce phare musical (la voix comme le saxophone, comme la clarinette, comme le son des vagues qui fluent et refluent) y contiennent tant d’onirisme, de chaleur, d’enfance blottie au creux d’un océan de détails, que l’on ne peut que souhaiter répéter en boucle le morceau d’Allison Burik. C’est le premier album solo d’une artiste qui collabore à de nombreux autres projets - et qui n’est pas une artiste « bruitiste », autant le préciser tout de suite.

Pas bruyante non plus, je trouve bien au contraire que c’est dans une certaine discrétion, voire appuyée sur une certaine modestie, que l’on peut la découvrir au fil de ces neuf titres. Ils s’égrènent comme neuf lundis entre ami(e)s, neuf promenades sur des landes. Des landes sauvages et néanmoins amicales, où les instruments dialoguent tout autant que leurs touches, archets, et autres micros qui ne peuvent s’empêcher de les titiller.

Oui, c’est peut-être bien cela qui nous sauvera de la tyrannie de notre réalité (capitalisme, guerres, broyage de l’humain, consommation à outrance - depuis le canap - réseaux-sociaulopathie) : le nombre, le collectif, l’amitié. Ici il s’agit d’une musicienne, ailleurs ce serait un espace collaboratif d’où l’obligation d’engagement serait fluctuant mais la soupe bio gratuite. 

Bienvenue dans le royaume d’Allison, tout de bruyères et d’ambiances hivernales revêtu.