> Critiques > Labellisés



The Mars Volta (feu At the Drive-In), FugaziMudhoney ? Mais je m’égare, j’écoutais Mad Foxes, et c’est d’abord du punk. Vous serez totalement fan de ces gros coups donnés dans la face de la caisse claire, des riffs hargneux grattés sur les guitares, de la basse costaude et du chant complètement cool. Qui chante ? Ce mec est cool ! S’agissant de textes tels que « you don’t have to be alone » c’est juste surprenant qu’il s’énerve aussi peu (Lucas Bonfils). Il ne gueule pas du tout, alors que franchement il y aurait de quoi ! Et puis soudain on entend « so why who would you stay alone ? » alors si du coup, là il gueule, il s’énerve. Ruminations intérieures, boule d’angoisse, insomnies qui rajoutent trois épaisseurs de cernes sous les yeux… C’est vrai que c’est tellement dur de tenir sur cette planète de gogols.

« The Other Hand », « Cold Water Swim ». On perçoit une sorte de ton désabusé à la Baptiste Cataudella (Bracco) dans le chant. C’est cool. Oui, Mad Foxes est un groupe cool. Si vous aviez 18 ans à l’époque où le grunge passait sur toutes les mini-chaînes hi-fi de vos amis et que vous vous sentiez compris(e), alors ce groupe vous séduira d’emblée. Ils réussissent le défi de mettre au goût de 2024 des problématiques 100% de 2024 (comment et pourquoi exister en tant qu’artiste quand tout s’écroule autour ? À quoi sert l’art ? Qui-c’est-qui m’a jamais rendu ma K7 de Primus ?) tout en redynamisant un genre de 1992 que les métalleux s’étaient bien gardés de partager avec la scène rock (oh hé les métalleux je vous aime, ça va, hein !). 

On entend planer une bonne grosse colère sur Inner Battles qui transpire et n’est pas très éloignée de celle de feu Kurt Cobain (« Home » et « Fear Of Love »). Il faut bien onze titres pour la faire sortir et - éventuellement - s’en purger. En live il semble qu’il faille également se préparer à se rentrer dedans en mode pogo, à ce qu’on entend sur cet album de rageux Nantais bien décidés à ne pas laisser le monde décider pour eux. 

Inner Battles ou des conflits intérieurs qui sont, certes, les leurs, mais aussi les nôtres - ne nous laissons pas leurrer par la course effrénée que le capitalisme a mise en place pour nous faire entrer en compétition les un(e)s envers les autres et pour servir les buts de deux ou trois zinzins assoiffés de puissance et de rêves crétins. Aller trimer comme des con(ne)s pour rentabiliser le temps libre en consommant pour finalement déprimer parce qu’accumuler des objets ça rend pas heureux ; prendre plein de cachetons pour être moins malheureux d’avoir accumulé plein d’objets et s’être rendu compte que ça rendait pas heureux. Se laisser culpabiliser parce qu’ « on coûte cher à la Sécu », ne rien changer parce que ça demanderait de prendre un recul de ouf et qu’il faudrait bien plusieurs mois pour trouver des solutions en soi, et qu’on n’a pas plusieurs mois devant soi. Se sentir seul(e) avec ça et en parler pour se rendre compte qu’on pense tous pareils mais se sentir néanmoins impuissants !!!

Ouais… Il y a de quoi livrer quelques « inner battles ». Moi je suis pour les inner battles musicales et merci à Mad Foxes de partager son lot de batailles avec son public. Si vous (ou un algorithme) enchaînez sur Frustration à la suite de l’écoute de Inner Battles, c’est normal : c’est logique même. Longue vie à l’ultime révolte que représente l’art et aux petites parenthèses de bonheur et d’amour pur qu’il permet de ressentir. Longue vie aux concerts intenses, au bénévolat, au loisir, aux nuits réparatrices, aux feux de bois, et au bien-être au travail (si tant est qu’il existe encore !). Longue vie aux créations artistiques authentiques et aux chroniques tout aussi soignées qu’ADA leur consacre.




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.