> Critiques > Labellisés



Habitué de ces pages, le Suisse Louis Jucker a, depuis le remarqué Something Went Wrong (2020), pris son temps pour mener à bien son nouveau projet au long cours : il s’agissait d’assembler, outre Le Nouvel Ensemble Contemporain (Noëlle-Anne Darbellay, Noëlle Reymond, Jean-François Lehmann, Julien Mégroz et Antoine Françoise), instruments de musique et matériel d’enregistrement qui se donnent à voir sur la pochette de Suitcase Suite. Quand on va à l’essentiel, l’univers tient dans une valise. Ou, le cas échéant, douze : valise de modulation, valise métallophone, valise de réverbération, valise-harmonium, valise machine à écrire, valise de modulation, valise de percussion, basse-valise, valise à ondes, autant de valises ouvertes et explorées à Crissier, lors de deux fructueuses sessions, par le cofondateur du label Hummus Records (Camilla Sparksss, The Guru Guru, Émilie Zoé) et ses compagnons. Si l’album est court (sept titres), il n’en est pas moins riche de chansons à l’os, denses et mélancoliques, à la lisière de la pop, du blues et de l’expérimental, portées par un chant sensible / hanté et un jeu de guitare organique à la réverbération ciselée, riche de plongées en apnée sur le fil du rasoir, comme sur le fabuleux Asylee, kraut transcendantal d’une immarcescible beauté, et riche de ponctuations folk gothiques (The House We Let Take). Saisissant de la première à la dernière mesure, Suitcase Suite se conclut avec majesté par le gospel mutant de March of the Fallen Scions, qui nous roule sur l’échine et laisse à penser que, parfois, une valise contient bien plus que l’univers : c’est l’essence même de l’art, c’est également le cœur d’un album passionnant qu’il nous tarde déjà d’entendre en concert.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.