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  • 18 septembre 2023 /
    The Hives
    “The Death Of Randy Fitzsimmons” (Fuga)

    rédigé par ALBERTINE D.
    1 vote
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Le dernier album des Hives commence avec un « Bogus Operandi », qui nous donne envie de nous lâcher un peu. Ouaip, pourquoi ne pas être attentifs à ce qui va se passer là ? Étonnamment je me rappelle entendre The Offspring en boucle à la radio quand j’avais huit ans. 

Alors que The Hives est incontestablement un cran (éthiquement) au-dessus de The Offspring sachez que de nos jours ça sonne pareil. « La vie étant un éternel recommencement, seule l’acceptation de la défaite signifie la fin de tout. Tant et aussi longtemps que l’on sait recommencer, rien n’est totalement perdu »Fleurette Levesque n’a pas eu tort d’écrire cela, même si on a trouvé cette citation par hasard sur Internet dans le seul but d’achever ce paragraphe de façon grandiose. 

« Like I did like I did like I did like I did like… » de The Hives c’est le « Hey man you talkin’ back to me ? You gotta keep ‘em separated » de The Offspring en 1994. Ouais on se battait à l’époque, eh ouais, les mecs y z’en avaient des burnes (Albertine ! les gros mots !). Nan je déconne, c’est surtout que comme d’habitude, les USA nous annoncent nos propres conneries - en mode voyante de la caravane enracinée sur le parking désert de l’ancien Spar - nous les annoncent avec 25 ans d’avance. C’est toujours pareil. 

On tape du pied, on saute haut, on se laisse aller à refaire du headbanging cheveux longs pourris de bière qui tournoient, qui tournoient, qui tournoient, jusqu’au riff de 2:20 (je suis toujours sur le premier titre du dernier album des Hives là pour ceux qui n’auraient pas suivi). L’ album est vraiment garage pour le coup - pour vous qui réécoutez souvent Bleach - j’adore ce son de guitare saturée que l’on connaît et qui ne laisse aucun répit aux oreilles. La grosse basse de Dr. Matt Destruction (Euuuh c’est quoi ce pseudo ? On se croirait dans « Sauvés par le Gong ») enfonce toujours autant le clou dans les Perfectos.

Revenons à notre « Bogus Operandi », premier titre et jeu de mot rigolo sur le fameux « modus operandi », expression guère usitée de nos jours. Le mode d’emploi mais en « bogus » : en faux, en menteur. Un peu intellos là-dessus les Hives. La suite de l’album nous rend fan. On est avec des Black Lips lettrés, moins perchés (dommage !) des vrais ouf qui vont nous faire faire n’importe quoi en live. Les Hives nous montrent un nombre de bêtises incalculable à aligner depuis bientôt trente ans. J’ai longtemps cru que les types étaient gay. En fait non ils sont juste Suédois. Je peux raconter ma vie ? Merci. Et écrire un truc raciste ? Merci. Je suis pas du tout, pas du tout fan des Suédois. Jamais été. Irréprochable, ce peuple est un reproche permanent pour chaque Français de souche (nous : mauvais en Anglais, désobéissants, irrespectueux, bavards, sales, bruns et petits ; eux : tout le reste). Or nous, Français, sommes meilleurs qu’eux au foot (gdo me corrigera si je me trompe hein).

Quand je me permettais d’écrire « nos propres conneries » quelques quinze cents mots ci-dessus, c’est qu’aujourd’hui en Suède aussi on tue des gens avec des armes à feu, en Suède aussi on est facho, en Suède aussi on sur-pèse, en Suède non plus on n’est pas très cool en fait. Vous me croyez pas ? Allez je vous lance deux-trois gros titres via ma revue de presse toute personnelle : « Coran brûlé : la Suède craint pour sa sécurité nationale » ; « La Suède face à la violence meurtrière des gangs » ; « La Suède craint de devenir le paria de l’été » ; « Après l’adhésion de la Finlande, la Suède craint de rester longtemps aux portes de l’Otan ». Ha ha ha ha ha ha ! Craignez, oui, craignez l’inéluctable marche du temps qui rend justice aux faibles et aux opprimés, ô Suédois ! Qui c’est qu’avait raison ? « I don’t believe in swedish superiority » (moi en 2001). 

Nous avions découvert les Hives avec « Hate to say I told you so », dont le refrain nous entraînait vers une rage adolescente toute naturelle et appréciable. « I wanna be ignored by the stiff and the bored »… Vingt-trois ans après (eh oui, je sais, ça fait mal !), à la ré-écoute de ce tube, mon coeur se serre : je crois que j’étais bien jeune alors et que je croyais tout ce qu’on me chantait. Je croyais dur comme fer que les Hives étaient des putain de rebelles et qu’on allait retourner la planète avec eux. En plus comme j’étais débile je pensais qu’ils étaient britanniques. Ah non, gay.

Ben non, pas du tout. Ces ânes avaient certainement cru tout ce que les Fleshtones leur racontaient. Aujourd’hui, tout comme eux mais dans une moindre proportion (leur chanteur est né en 1978 et moi en 1986) me voilà âgée, ridée, criblée de traites à rembourser et de soucis liés à mes responsabilités de daronne : le jardin à tondre, la toiture à refaire, le linge m’en parlez pas, les enfants qui n’écoutent rien, et les courses plus des ennuis de ponctualité au taf liés à certaines difficultés à me lever le matin (rhumatismes), des « espaces » numériques à créer en veux-tu en voilà - servitude des temps modernes. Je n’évoquerai même pas les injonctions paradoxales du genre « consomme beaucoup mais trie sélectif ». (Comment fait-on pour trier SANS se montrer sélectif ? Hein ? Gros malins !). 

Envie de fumer partout et autorisation de fumer nulle part. Ça me saoule vraiment. Observons, à présent, comment l’époque se corrompt avec le règne de l’image : si partout on interdit de diffamer, de draguer, de cracher, partout sommes-nous grandement encouragés à appeler en visio + haut-parleur, à montrer notre popotin et nos nénés. Je trouve la vie vachement dure quand même, et les Hives ne m’aident pas à réfléchir différemment aujourd’hui. C’est pas faute d’essayer, ils y mettent toute leur âme de menteurs mais ça reste insuffisant. C’est le retour des nineties, donc de Blur, donc vraiment, tenons-nous prêts. Mais à quoi exactement ? À poursuivre nos carrières de gros réac. Et d’ailleurs qui m’aime me suive : je me casse.




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