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Voici quelques jours j’étais invitée à une soirée (ben oui bande de nounouilles vous croyez que je passe ma vie devant une chaîne stéréo à écouter les disques qu’ADA m’envoie ??? Ça va pas la tête non !). Donc soirée ordinaire… que des gens canon, 130 invités, piscine à débordement, des prod et un mur de son grand comme un immeuble. Un mardi soir normal, quoi. Et là. Et là. Et là…

…Et là une copine passe un son (vous le connaissez déjà le son, c’est pas ça la surprise, c’est ce qui se passe APRÈS que Suzanne passe le son). Ce son c’est « Squat » de Haiku Hands (en featuring avec True Vibenation). Or je capte soudain quelque chose dans « Squat » qui me donne envie ET de danser ET de ré-écouter « Slow » de Kylie Minogue ET de mettre le morceau « Silicone Sexy » de Colder ET de prendre de la MDMA ET de faire tout ça en même temps voire en boucle pendant 6 semaines de rang.

Autant vous le dire sans détour : il s’agit du titre d’un collectif australien. Y a que des Australiens pour vous retourner le cerveau comme le morceau « Squat » a pu nous le faire mardi soir. Prenez un concert de Cash Savage : on ne comprend rien de ce qui se passe, mais ça rend fou. Direct. Pareil avec Dirty Three, pareil avec… hey mais tous ! Toutes et tous les Australiens sont des fouteurs de dawa question dancefloor.

Je vous prie de bien vouloir m’excuser maintenant, mais je me mets en devoir de citer un groupe dégueu : ces tocards de Die Antwoord. Ceci uniquement parce que la musique énervée-pop-fun-rave-bellissima de Haiku Hands m’y fait penser. Ça doit être le rythme ultra pushy - mais sans agressivité chez elles. Elles veulent juste qu’on soit présent (e) s et qu’on danse. Elles veulent pas qu’on tue des gens après leur avoir fait subir des rites sataniques et / ou des sévices sexuels. Et ça marche. Ouais, on est dedans. Et ouais on danse.

« Il y a des photographes, des stylistes, des producteurs (dans le collectif Haiku Hands) », explique Claire Nakazawa. « Toutes les formes d’art sont traitées de manière égale chez nous ». Des personnalités issues des scènes de Melbourne ou de Sydney - des scènes pour lesquelles la forme de « festival » compte bien plus que chez nous les Frenchies, si cela vous paraît possible (faudrait aller voir sur place hein).

J’ai arpenté tout Miami (je vis en effet en Floride depuis que ma vie de chroniqueuse radio me rapporte plein de thunes, d’ailleurs pour toutes celles et ceux qui auraient « oublié » de s’abonner à mon podcast Rue du Château c’est trop tard, c’est devenu trop cher, je doute que vous en ayez les moyens maintenant sorry) tout Miami à la recherche de témoins de leurs concerts. 

Voici ce que Sofi T. nous a dit du concert auquel elle avait assisté en février dernier au Howler (Melbourne) : « Les filles trippent tellement ensemble sur scène, elles sont tellement proches. Elles sont upbeat, funky, confiantes. La foule en délire kiffe de ouf. Elles stompent sur scène. Elles offrent de très très belles chorégraphies à leur public, Haiku Hands elles font littéralement des « squats » donc en fait du cross-fit, mais surtout, surtout, elles chantent, elles jouent. Impressionnantes, ouais, dinguerie. Beatrice Lewis commence à crier (note d’Albertine : mon témoin est bavard, je sais) Beatrice commence à crier vers ses potes et vers sa famille qui sont venus au live : ‘Hey salut Machin, salut Machine, ouais chuis revenue chuis partie mais chuis toujours d’ici yo les bros !’. Et boum, ça repart ! Tout le monde est déchaîné, les gens dansent comme des tarés. “ Dare You Not To Dance ” puis “ Not About You ”… La vie de ma mère une TEMPÊTE de danse dans la fosse ! Les meufs se jettent sur nous, chantent sur nous, dansent avec nous sur une même ligne comme à la, la… comme dans une école de danse. Éclairages de boîte de nuit, vidéos-projections, mégaphone, machines à fumée, masques élaborés, créatives, sensorielles : DE FOU ! » 

Merci à vous, Sofi, d’avoir partagé quelques souvenirs bigarrés de ce concert avec nous. Mais vous, lecteurs d’ ADA, ne vous y trompez pas - même si c’est 100% de l’info. Quand on a besoin de douceur, Haiku Hands est là AUSSI. Écoutez « Morning becomes » paru sur leur (premier) album de 2020, ça fait du bien, c’est tout doux et on peut cuver de leur pop music / EDM de la veille.

Quand Haiku Hands nous raconte les soirées mode de Melbourne sur « Fashion Model Art » ça donne quelque chose de très très juste mais de jamais cynique. C’est cash, c’est du récit, point barre, pas de jugement. Une pop ultra-minutée, ultra-chorégraphiée, très nineties, très frontale. Efficace. Le message ? « Il est agréable de sortir, de sourire et de danser sans pour autant se prostituer ». Ça change. 

« Always laugh at people jokes (but not too much I’m at a party) / I love what you’ve done with your look (look look look look look look look look look look ) / Model Art Fashion Model / What do I do with my hands ? ». C’est tellement vrai, tellement vrai de rapper ça les meufs, je les adore. Franchement, pour une fois qu’un trio de femmes ne sexualise ni sa musique ni ses tenues ni ses shows, ben on va les écouter avec attention non ? 

Ce n’est pas que j’ai regardé énormément de vidéos du groupe (se concentrer sur le son c’est déjà beaucoup de travail) mais je puis vous l’assurer : soyez en confiance avec Haiku Hands. Quelque chose me dit que nous n’aurons pas de « mauvaise surprise » (j’entends par là ni hashtags nauséabonds ni gossip bidon) avec Claire et Mie Nakazawa, ni avec Beatrice Lewis ni avec Mataya Young (numéro quatre qui les rejoignait souvent sur scène il y a encore trois ans). Des personnes talentueuses, fiables et fun. Que leur demander de plus ? De se mettre en string ? Mais ! Mais ! Mais noooooooooon !!! Vous n’avez rien suivi !

C’est comme dans les paroles de « Squat » : « Standing there, thinking what you look like ( what ? ) / Nobody gives a fuck what you look like ( squat ) » Eh ouais. « Tout le monde s’en fout de quoi t’as l’air en fait, on t’aime tel que t’es ». C’est ce que j’en retiens. « When you lose your cool and and you got no shame and you wanna get rude » (débrouillez- vous un peu de temps en temps pour la traduction, marre de faire tout le boulot ici). 

Si c’est possible, le projet Haiku Hands (j’exagère totalement de l’écrire à leur place, mais promis, ADA vérifiera en visio auprès d’elles la solidité de ces hypothèses et reviendra vers vous asap) m’évoque Duras, qui écrivait : « Je crois d’ailleurs que l’amitié, comme l’amour dont elle participe, demande presque autant d’art qu’une figure de danse réussie. Il y faut beaucoup d’élan et beaucoup de retenue, beaucoup d’échanges et de paroles et beaucoup de silences. » Sur « Nunchucka » moi j’entends même le silence d’ Electrelane. Elles chantent avec élan les Haiku Hands. Et ce silence, cette retenue, ne sont-ils pas ceux du corps ? Une amitié et des corps silencieux parce que pudiques. Ce qu’elles nous proposent à travers « Squat » est possiblement une version de la vie qui serait traversée par l’amour et la danse, la danse, la danse… 

Or tout le monde ne danse pas. Et personne n’aime l’art contemporain Mais on peut tous nous montrer open non ? Bon, on se débrouillera. À travers leur pop positive on peut entendre qu’il existe mille-et-une possibilités de vivre. Allez bim vive la dance ! « Let yourself be free / Be the boss ». J’aurais pu évoquer les débuts de Madonna, et la série Fame… Mais non, ça tient en trois syllabes en fait - et pas en trois vers : LI-BER-TÉ. Et moi qui vous prends quinze minutes de temps de lecture… sans rancune !




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