> Critiques > Labellisés



Dans un monde normal, cette chronique n’aurait pas lieu d’être.

Vu de leur CV et de la qualité de leurs compositions, Carver aurait dû figurer en tête d’affiche de tous les festivals de l’été, partageant la scène avec The Meatbodies ou King Gizzard and The Lizard Wizard, ils auraient même pu remplacer les Viagra Boys à la Route du Rock au pied levé... Leurs tubes tels que Arm ou Superhero devraient tourner sur toutes les radios, être dans toutes les pubs, sur toutes les lèvres...

Mais, contre toute attente, ce n’est pas le cas. Cette chronique a donc pour espoir de commencer à réparer cette incompréhensible injustice. Carver est un trio originaire d’une zone géographique assez vague située entre le vignoble Nantais et le terroir Charentais. Le projet nait vers 2018 des esprits torturés du chanteur/guitariste/saxophoniste Thomas Beaudelin (Café Flesh, Trombe, alias Tom Bodlin et ses multiples collaborations, de Vagina Town à Tv Violence) et du batteur David Escouvois (Mr Protector, Francky Goes To Pointe à Pitre). Ils commencent à bricoler une sorte de math-core, à l’énergie punk, aux réminiscences free-jazz et aux refrains tubesques. Le duo sort un premier 7 titres en 2019, puis intègre Nicolas Monge (Nihil) à la basse et enregistre un 2° EP en 2021, White Trash, sous la bienveillante houlette de Pierre-Antoine Parois (Papier Tigre, Room 204, La Colonie De Vacances...), disque réussi et prometteur, très bien accueilli par la presse spécialisée et qui a eu l’honneur d’être chroniqué dans nos pages.

Crown of Bunches Of Grapes est donc le premier véritable album du trio, sorti sur la dream team des labels indépendants hexagonaux. Enregistré cette fois dans le bordelais à Cryogene par Benjamen Mandeau (Mars Red Sky, Le Prince Miiaou, Equipe de Foot...), le disque regroupe 10 titres à la fois variés, alambiqués et efficaces. La musique de Carver se veut nerveuse, syncopée, à la fois bruyante et mélodique, quelque part entre Fugazi, Jesus Lizard, The Ex... excusez du peu. Mais avec ces petits trucs en plus. Serait-ce cette nonchalance qui transparait malgré l’exigence rythmique du style ? Car malgré la complexité des structures, on sent que les gaziers sont loin de la prise de tête qui accompagne généralement cette discipline dite plus cérébrale qu’un basique punk binaire. C’est carré, certes, mais la déconnade n’est pas loin. Et ça fait du bien. L’album n’en est que plus jouissif !

Hate de voir ce que ça donne en concert ! À la Route du Rock l’année prochaine par exemple...




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.