> Critiques > Labellisés



Il y a des paysages qui ne survivent que dans les frissons, petits séismes doux dans nos rétines, petits tremblements tendres, presque tristes, là, dans le creux de l’oreille. C’est sans doute dans ces contrées que vit l’âme de JillCaplan, là où se maitrise la peine en mots, et le sourire en sons. Y accéder devient simple dans de tels disques

De Jil Caplan, j’ai toujours aimé l’élégance légèrement british mais si d’ici, si logique dans l’univers, ce don d’être lumière sans l’électricité, juste les éoliennes de ses phrases, et le moulin d’eau de ses musiques, cette élégance de la nostalgie, cette fragile humanité de ses contes d’hier, et sa culture des rêves et des lueurs. Elle qui semblait dans ses Nathalie Wood si intouchable, dans son esthétique affilée, a cheminé jusqu’à l’humanité la plus nue, a déshabillé la charmeuse, peu à peu, pour enchanter d’elle-même, sans les lèvres rouges et les blazers, de l’image plate, passer calmement, presque invisible, vers les volumes, les couleurs, ombres et lumières, revenir de la peinture léchée au croquis vrai, et trouver le paysage qui survit.

Je l’ai suivi, dans ses Amériques et ses déserts, sans trouver de déceptions, jusqu’ici, jusqu’à ces cendres qu’elle a laisser sur les calendriers d’années passées, jusqu’à cette danse qui soulage les passages, les routes, le passé, et fait tourner la tète vers demain. Vivante dans le bleu du ciel. Jil applique la nostalgie à ce doux art de conter, faire avec de la soie, des papiers cadeaux de ses souvenirs et les offrir, c’est tendre, chaleureux, c’est une douce lumière dans nos réveils, qui passe par nos fenêtres intimes et réveille nos rictus, d’une légèreté brillante, de ces rayons de lumières chargés de poussière qui devient or. Sa musique sensible, sa voix entre ferme et fragile, évoque et inspire, et décrit ces paysages de frissons, et aquarelle les séismes, dans des petits récits de vie aériens et de vent calme, des chansons de terrasses de café sans saisons, contemplatifs, presque oniriques, des chansons couchés dans l’herbe à l’odeur de tonte fraiche, à retrouver dans les nuages les paréidolies de nos jours passés, d’amours, de désamours, de jours et nuits, de personnages de passages sans retours, et d’autres omniprésents dans le fond des cœurs, dans la poésie fraiche et sans fard.

Sur les cendres danser, est le disque d’une charmeuse qui s’habille enfin (bien qu’on sait qu’elle y arriverait à son intelligent rythme) des vêtements des grandes femmes de la chanson, cousues par une sensible Emilie Marsh qui sait comme personne dessiner les `patrons du feu et du froid, du cuir ou du coton, et a vu dans les images de Jil les paysages exacts. Oui, une grande dame de la chanson, dont la sensibilité n’est strass, sans artifice, juste la peau exacte de la vie, la musique parfaite de la nostalgie, les mots du jour présent, et le disque intemporel de la biographie des sens.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.