Mythique label californien fondé en 1979 par les Dead Kennedys, Alternative Tentacles (Butthole Surfers, Half Japanese, Les Thugs) – aujourd’hui dirigé par Jello Biafra en personne – poursuit son travail de défricheur sonique et depuis 2018 accompagne les filles de The Darts, from Phoenix (Arizona), dans leur irrésistible ascension (des scènes de plus en plus grandes, un morceau figurant dans la série Peaky Blinders, une session radio pour KEXP), à peine freinée par la crise sanitaire, que le quatuor a mis à profit pour enregistrer un nouvel album au titre énigmatique, évoquant à la fois une contrefaçon et une lotion capillaire (huile de serpent – en référence à la coupe de cheveux de la Méduse grecque), sans adjonction de venin autre que celui distillé par un girl band fuzzy à souhait.

En 13 titres aux impeccables influences psycho punk garage, portés par des guitares crasseuses (Meliza Jackson), une basse vrombissante (Christina Nunez), des claviers frénétiques (Nicole Laurenne, reine du Farfisa et de l’orgue Hammond) et une rythmique groovy néanmoins tellurique (Mary Rose Gonzales), The Darts délivre des compositions accrocheuses, gorgées d’éclats (le refrain de Pink Slip, kermesse détraquée) et de contrepoints (les ponts de Under The Gun et Underground, géniaux), concises et bourrées d’arrangements séduisants, à l’instar d’un You Just Love Yourself divin, que ne renieraient pas The Veils ou un Nick Cave sous influence Robert Plant.