C’est toujours perturbant d’exercer quelque chose face à un professionnel de la profession, car Morgan Enos, est en parallèle de sa carrière de musicien déjà bien fournie (les chroniques ici peuvent en témoigner.), un scribe émérite sur la musique. Métier chez les uns, distraction pour chasser l’ennuie chez d’autre, passe temps pour musicien frustré chez les autres ou marche pied illusoire pour rentrer dans ce monde pour une grande partie, la chronique musicale est le pendant du point chaud pour la boulangerie, certains finissent par ranger les micros onde pour un matériel de création, mais comme dans un centre de formation de football, pas mal de Sylvain Kastendeuch mais très peu de Michel Platini.

Dans le cas de Morgan Enos, les deux carrières en parallèle pourraient pousser à un double questionnement, mais je ne connais pas suffisamment ses écrits sur la musique (pas du tout d’ailleurs) pour voir en lui un musicien ou un journaliste musical. Ce qui est sûr, et ce qui se confirme avec ce nouvel EP, il est un musicien et un auteur qui confirme une assise certaine, prouvant que ces sorties chez l’excellent label Aagoo Records (passer à côté de ce label est aussi grave que de mettre de la crème fraîche dans les carbonaras.) ne sont pas des lubies d’un musicien frustré, mais bien le fruit de quelqu’un qui a quelque chose à partager. Enregistré chez lui dans la plus pure autarcie qui a souvent fait le sel des productions des années 90 (mais aussi les premières planches de son cercueil quand c’est devenu une attitude plus qu’une nécessite) Didactic Debt Collectors est ouvertement un hommage à cette période, dans un prisme pas si large que cela, avec comme polygones, les Posies et surtout le Guided by Voices de Robert Pollard. Les cinq morceaux sont attachants, comme pourrait l’être ce moment pendant lequel vous redécouvrez le goût d’un carambar original. Alors je ne sais ce que dirait Morgan de ce nouveau Other Houses, mais je pense que le Morgan musicien se féliciterait d’être parvenu à se glisser dans une anthologie de la musique indépendante, comme un add-on d’une réédition, se cachant derrière un petit astérix qui n’en fait pas un grand, mais un artisan de cette histoire qui ne meurt pas.