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Ce qu’il y a de bien avec le fait de vieillir, c’est que l’on peut voir les chemins parcourus par les uns et les autres. Marathons souvent, chemins sinueux parfois, progressives évolutions rarement. Comme pour Dorothée Hannequin, alias The Rodeo (un anagramme de son prénom), que j’ai connue guitariste rockeuse brune, angliciste, chanteuse à la voix roque, et que je redécouvre idole sixties blonde, interprète d’une pop sucrée en français, interprétée avec une voix haute et douce.

La première fois que j’ai vu l’autrice-compositrice-interprète sur scène, c’était en 2005, à Draguignan, où je me trouvais totalement par hasard un soir de fête de la musique. En sortant avec ma belle famille d’alors, je craignais de ne croiser que des groupes reprenant des standards rock maltraités, comme il est de coutume ailleurs en France. Au lieu de quoi nous nous dirigeâmes vers un vieil amphithéâtre romain, le Théâtre de la verdure, dans les hauteurs de la ville, où se produisait Hopper, un quatuor dans la verve rock indé qui se faisait alors. Particularité : Hopper avait deux chanteuses. Et le charme opéra immédiatement, grâce à celle qui avait une voix grave, qui raclait, et donnait une personnalité particulière à la musique de ce groupe parisien, lui aussi tout étonné de se trouver dans un tel cadre ce soir-là.

Par la suite, j’ai croisé deci delà la route de Dorothée Hannequin, qui s’était délestée du reste du groupe pour devenir The Rodeo. Et proposer deux albums entre folk, rock et americana. Avec son nouvel album intitulé “Arlequine”, The Rodeo poursuit sa route, en continuant d’emmener son public vers une pop nostalgique des meilleurs des chanteuses populaires d’il y a soixante ans. Un chemin dans la lignée de son troisième album, au cours duquel s’est opéré ce virage musical.

L’album compte neuf titres, tous de très bon niveau. Au cours des tubesques “Titanic” ou “La coupe est pleine”, je ne peux m’empêcher de penser à Françoise Hardy dans sa jeunesse ou, plus récent, à Bertrand Burgalat et ses riches arrangements pour des chanteuses surannées et charmantes. Sur cette galette, on trouve aussi “L’hymne à la moue”, une pépite electro-pop doucement dansante qui devrait trouver une place de choix dans les playlists radio.

Mais, "Arlequine" n’est pas un long fleuve tranquille. Des petits riens viennent perturber une écoute qui aurait pu être très, trop, facile. La compositrice a ajouté des instruments qui raclent, on y revient, bousculant une oreille qui se laissait paresseusement porter. L’entêtant clavier de “Vallée de Siddim” lance des clins d’œil du côté du Velvet Underground. Le refrain répété en boucle et l’orchestration rock d’ “Idéal” nous emmène plus du côté du psychédélisme. Tout cela sans compter les moments de colère, de mélancolie, de lassitude, qu’on connaît face à la vie qui n’est pas toujours simple et qui font leur apparition ici et là. Et il y a d’autres sorties de route volontaires, qui font de cet opus un très bon moment, ensoleillé, coloré, à recommander.




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