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Depuis Oslo, un vent glacé – nourri de brumeux synthétiseurs suspendus, de nappes bourdonnantes, de samples, de voix éthérées et de field recording - murmure à nos oreilles : échappé du groupe Oh Yeah Tiger et accompagné de son frère Stig au violon et aux guitares, Kim Reenskaug alias Wow Sailor nous narre une singulière histoire, qu’ici et là le chant de Synne Sanden (dont le cinquième album - « Unfold » - sort en début d’année prochaine) et la surprenante trompette d’Arve Henriksen, dont les volutes oscillent entre klezmer japano-arabisant et Ravel jazzy, réchauffent de leurs passionnantes interventions.

En huit titres, « Happy Fear » pose les bases d’une rêverie atmosphérique, durant lesquelles, paradoxalement puisque Kim Reenskaug est batteur, les percussions se font rares. Ce premier album suit un tracé sinusoïdal, où chaque morceau se nourrit du précédent et le prolonge – il faudra l’écouter d’une traite pour en saisir l’intention : ambient à la lisière du drone (« Before we can be together »), cuivres souples aux références agiles (« Outside, in the ground »), post-rock épuré (« In the dust »), mélopées shoegaze incantatoires (« On the surface of clear water »), collages de cordes et de voix (« In her gaze »), guitare folk effleurée du bout des doigts (« Where sorrow ends »).

On sent que le grand Nord, de sa grisaille intériorisée sans concessions et ses cieux portant jusqu’aux confins de l’horizon, infuse de sa paisible mélancolie un « Happy Fear » ni joyeux ni effrayant, que l’on devine libérateur pour Wow Sailor, aventureux matelot en quête d’émotions. Puisse sa boussole érudite le mener, lui et ses compagnons de fortune, jusqu’à destination, là où le sommeil est inutile, puisque l’on y rêve les yeux grand ouverts.




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