Pochette géniale. Nom de groupe intrigant (Un roman de Wendell Berry, ennemi du consumérisme – ouah, original). Label allemand culte (The Notwist, Le Milipede, Tenniscoats). Des influences musicales hautement appréciables : Tom Tom Club vs. Throbbing Gristl. Des filles qui empilent leurs voix narquoises à la manière des regrettées brésiliennes de Cansei de Ser Sexy, sur fond de bastard world electro assumée, franchement, sur le papier, ça fonctionne, non ?

Pas aussi bien que cet album, qui est étonnamment jouissif, tribal et aventureux dans son exploration sensorielle : la plasticienne allemande Anna McCarthy et la multi-instrumentiste Manuela Rzytki, rejointes par Paulina Nolte (chœurs) et Tom Wu (batterie) se lancent dans une version lettrée froide enflammée d’un Sleaford Mods délocalisé en Mitteleuropa. Les hommes n’ont pas l’apanage de la sauvagerie ni de l’espièglerie, le rock a toujours été asexué et c’est ce qui fait son intemporalité. Beats virevoltants, synthés minimalistes, chant engagé, engagé sur la voie du retord, du (faux) remord, du retour, du retour au point de départ : à quoi servent les gens ? On s’en fout, tant qu’ils remplissent la piste de danse.