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Cela fait plusieurs années que le talent de Ryan Lee West aka Rival Consoles à composer une musique électronique à la fois ample, intime, dansante et introspective, sombre et lumineuse vient régulièrement se concrétiser sur nos platines depuis 2016 récemment avec Articulation en 2020 dont le fabuleux Forwardism et son beat addictif a été un des morceaux les plus obsédant de l’année en plus d’une bouée de sauvetage inestimable à des réveils poussifs, il faut bien le reconnaitre.

Les ambiances de la musique de Rival Consoles, au-delà de ce dynamisme salvateur, ont toujours également exploré des univers oniriques et cinématographiques au fil de ses précédents albums avec Dreamer’s wake sur Persona en 2018 par exemple….

…ou l’éponyme Night’s Melody en 2016.

Le terrain de jeu de Ryan Lee West sur ce nouveau disque vient déborder sur celui de la danse contemporaine avec la rencontre du chorégraphe Alexander Whitley et sa création Overflow pour laquelle ce nouveau disque serait le complément sonore des expérimentations formelles.

Composé en interaction avec le chorégraphe et ses danseurs autour de la thématique de l’impact sur nos vies et relations d’un monde numérisé sous l’emprise hégémonique et intrusive de la data dans la machine néolibérale, et même si le savoir faire et la patte de Ryan Lee West reste immédiatement identifiable notamment sur Pulses of Information et s’inscrit bien dans le prolongement de ses prédécesseurs, ce nouveau disque marque une évolution significative dans la discographie de Rival Consoles.

En effet, outre une longueur au delà de ses standards habituels du fait du dispositif, l’ensemble ressort plus sombre, dense et inquiétant que Articulation, il apparaît également plus expérimental notamment du fait de la présence inédite de la voix dont le traitement épouse le fond du propos du projet : Fébrile, hachée et hésitante sur I Like, distanciée et sentencieuse sur The Cloud Oracle dans un usage quasi post-rock godspeedien ou plus naturellement intégrée comme élément rythmique sur le très réussi et envoutant Overflow.

Le son lui aussi par touche, dérive vers des sonorités moins limpides et plus industrielles pour accentuer l’inquiétude et la tension pour faire écho au titre Tension in the Cloud, sentiment qui irrigue aussi Touches Everything ou le second volet de Noise Call and Response.

Si l’ensemble parvient à nous tenir à flot, il le doit pour beaucoup aux moments plus contemplatifs et apaisés qui viennent offrir des bouffées d’air bienvenue comme sur Hands ou Making Sense of It All.

Néanmoins, au fil des écoutes qui s’enchainent ces derniers jours de manière frisant la démesure, ce qui reste de plus imposant dans la rencontre entre Ryan Lee West et Alexander Whitley c’est bien la manière dont les deux univers se sont télescopés et rejoint dans un soucis d’exigence, de minutie, de précision dans les arrangements et construction des compositions qui se matérialise dans la vidéo qui met en scène l’immense Monster.

Plongée totalement ahurissante, au cœur de l’énergie de la danse, de la présence des corps, des hybridations visuelles et sonores dont il est difficile de ne pas ressortir dans un état proche du KO technique mais le sourire au coin des lèvres fort du constat que les arts, leurs interactions et leurs débordements dans nos vies au quotidien sont probablement la meilleure (la seule ?) solution pour ne pas sombrer dans cet horizon orwellien déshumanisé et inquiétant qui se profile devant nous et dont les deux dernières années n’ont fait que souligner l’accélération.

Et au passage de confirmer que Rival Consoles est bien un des projets de musique électronique les plus passionnants et ambitieux de ces dernières années qui signe ici un de meilleur disque de l’année.

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