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Thibaut Guillon aka Brume Parole a deux passions dans la vie (certainement plus, mais je ne connais que celles-ci.) la musique et la sculpture. Pour cette dernière, le matériau utilisé n’est pas plus de l’argile que des restes des ferrailles. Pour cette passion, il prend des textes des autres (ici Christophe Esnault moitié du duo le Manque) et façonne des chansons. Celles-ci sont à la fois interprétées façon spoken word, jouées comme une scène de film (Réveile-Moi) ou verticalement chantées. (On pense beaucoup au premier album de Jérôme Miniére « Monde pour n’importe qui », dans un univers tout aussi futuriste que désuet, comme si les bruitistes de Cosmos 1999 avaient repris du service le temps de cet album. )

Si le charme n’opère pas dés la première écoute, celle-ci nous interrogera, car elle ne sera pas unique, mais la base à une prospection plus grande pour tenter de mieux comprendre cet univers atypique. Derrière ce rideau brumeux des indications, nous guident vers les connexions possibles (la French Touch pour la musique, Rodolphe Burger pour l’apport des textes littéraires dans un format qui ne lui était pas défini par avance.). Avec une forme de diction fauve, comme félin qui ne connais que deux états, celui du repos et celui de l’urgence absolue dans la quête de nourriture, Brume Parole lui est dans la tension, dans l’essoufflement, montant son rythme cardiaque de peur d’oublier de faire (« le magnétique et J’écris Pour me Taire »). Si chez lui les galaxies peuvent être intérieures (comme un Michel Cloup goûtant à la suavité des dance floor), elles sont surtout multiples et réclament à son auteur de percer le coffre, de forer le sol pour en extraire la matière qu’il n’aura de cesse de façonner. Entre Fujiko Nakaya et la poésie Houellebecquienne dans un univers synthétique mais terriblement charnel.