Ce troisième volet des aventures d’Almøst Silent n’est pas tout à fait la suite des deux précédents. La rupture n’est pas flagrante, elle est diffuse, s’immisçant de titre en titre, reflétant l’ambiance du moment, l’inquiétude tracée de toute part sur la ligne d’horizon de notre futur. Comme l’air potentiellement viciée que nous respirons, Almøst Silent signe une musique à la fausse douceur, nous emmenant sur des terrains au raffinement habituelle, mais aux accidents nouveaux, comme si la lumière toujours teintée mais jamais embrumée de Almøst Silent, se voilait de plus en plus sous l’effet d’un bourdon sensible mais pas totalement prédominant. L’émotion est vive tout au long de « III ». C’est un forme d’hymne qui irait au plus profond de nos âmes pour faire ressurgir ce que nous avons de meilleur pour chasser les ondes négatives d’un calendrier funeste. Toujours fascinant dans la sobriété des effets, Almøst Silent recherche le point culminant de notre émotivité, nous plongeant dans une mélancolie printanière et une tristesse que nous espérons être dans sont dernier hiver. Traversant les saisons comme un oiseau courageux, Almøst Silent ne s’évade pas, mais fait de ce périple le fondement même de son oeuvre, n’assiégeant pas une des terres de son inspiration, comme un bon agriculteur offrant à celle ci une jachère reposante et nourrissante. « III » est le fruit de ce savoir faire, contrarié par les épouvantes du monde, mais intarissable dans son obstination vitale à faire de ce chemin artistique une parcelle sur laquelle nous serons nombreux à trouver le repos. Sublime.