On démarre.

Desert Something. Tiens, c’est agréable. C’est doux. C’est malin. Et tout y est : la voix flûtée Alan Wilson style, la basse entêtante et psyché (demain ne sait jamais...), les petites flûtes qui chantent en chœur, faux mais juste ce qu’il faut, les maracas... Nous voici catapultés en Californie vers 1967. Ou son rêve.

Ça s’affaire en studio, ça cherche l’ambiance imparable, la parfaite qualité d’air qui habite les trois orfèvres d’Aloa Input (Cico Beck alias Joasihno, accompagné par Heiner Hendrix et Marcus Grassl). Le son est moelleux, rien de pointu, pas d’acidité, mais pas trop de sucre non plus. Qui n’a jamais envie d’être un peu bercé ?

Puis on glisse doucement dès la troisième chanson (la bien nommée Hello Mellow the Sun) vers une ambiance indus-soft, tressée d’une subtile mélancolie, de drumloops filtrées avec mesure, d’organiques mais fatiguées bandes magnétiques. Mais... Ces voix fragiles et harmonisées, cette distance se tenant tout près, cette émotion, ces arrangements délicats... ils rappellent un peu quelque chose, non ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! Inutile de tourner autour du pot : The Notwist est dans la place.

Renseignement pris, c’est en fait Aloa Input qui est chez The Notwist. Littéralement, puisque le trio allemand enregistre dans le studio du désormais mythique groupe bavarois, et par ailleurs, Cico Beck les accompagne sur scène.

On pourrait hésiter un temps entre l’hommage appuyé et la citation paresseuse, voire l’allègre pressage d’agrumes sans scrupules, avant de jeter la peau. Il semble qu’il faille davantage chercher vers le mouvement, la tendance se tissant depuis les années 1990, tendance que Beck captura en son temps avec Odelay, et qui n’est tout simplement pas mort. Le charme opère encore, 20 ans après Neon Golden, et vraiment, on peut écouter cet album la conscience tranquille. Et si elle ne l’est pas, Devil’s Diamond Memory Collection y contribuera grandement.