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C’est un oublié, un de ces disques qui nous seront arrivés plus tard dans notre laboratoire foutraque des stakhanovistes de la chronique musicale. Et pourtant, cet album de Butch McKoy a quelque chose de rédempteur dans les enfers de cette année massacrante. Butch y porte seul une croix énorme, aidé par des esprits présents mais jamais lourd à porter. Pendant les dix titres, il trace un chemin vers un Golgotha inespéré, invoquant tout autant les esprits que les dieux des églises sans fidèles aux yeux crevés. La tension est prégnante, la mélancolie est une arme de destruction, et le combat est celui d’une bataille des Titans (Last Breath) avec un repos, les plaies béantes à soigner dans la douceur brûlante du désir passé (A Little Girl Lost).

Comme une arme à façonner, Butch McKoy utilise les braises les plus incandescentes pour ses créations, chantant avec la force évocatrice d’un conteur (le shamanisme timide de « Buried ») qui traverserait des plaines hostiles pour transmettre dans des villages reculés. Alors que Nick Cave plonge de plus en plus dans un enfer éthéré à la profondeur et la beauté insondable, Buch enfourche un cheval fou, le dressant, l’engageant physiquement dans des missives incantatoires au désespoir latent (Les cataclysmes au plus profond de nos entrailles que sont « Spring » et « A Dream ») affrontant les bourrasques les plus dévastatrices (« The Sick Rose », titre énorme, chanté face à la tempête).

« The Sick Rose » fourmille de clin d’œil, au premier duquel le dernier titre « Closer » et de la pochette, il déborde surtout d’une personnalité rare qui se débat face à ces démons que nous avons tous. Essayons de battre définitivement avec lui celui de l’oublie. Précieux.




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