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La perception d’une œuvre est tellement tributaire de l’environnement que nous avons au moment de la voir ou de l’écouter dans le cas présent, qu’il est difficile d’avoir un jugement définitif sur un disque. « Le Silence et l’Eau » au milieu de ma campagne picarde ou dans le cadre de mes pérégrinations journalières vers Paris, m’avait laissé charmé, mais sans plus. Le disque inspiré par « Dans les Forêts de Sibérie » de l’intriguant Sylvain Tesson, m’avait laissé une impression d’une œuvre folk à la Française, signé par un cofondateur du groupe Palatine mais également musicien pour Roni Alter ou compositeur pour le théâtre.

Le disque trouvait difficilement un écho chez moi, comme peu le faire le tonnerre qui gronde au moment même où j’écris. Car là où je me trouve pour redécouvrir pleinement ce disque, le silence est si dense que le moindre son à un sens. L’horizon est grand ouvert pour peu que nous prenions la peine d’arpenter des chemins nous menant sur les crêtes des cimes qui nous sont proposées. Les lacs comme des villes d’insectes, des cabanes faussement abandonnées offrant un refuge quand le temps devient inhospitalier. Dans ce cadre « Le Silence et l’eau » semble raisonner pendant ces randonnées préparées, loin de l’aventure de Sylvain Tesson, de sa façon a lui d’être en cohérence avec ses idées. Mais l’écrivain ici se voit offrir une bande son, autant que Jean-Baptiste Soulard se voyait porté par un texte pour signer un album entre Nick Drake et Sufjan Stevens, parvenant comme a pu le faire Serge Teyssot Gay avec Georges Hyvernaud, à démêler le fil de la musique de l’écrivain (chez Hyvernaud la marche, chez Tesson la contemplation face à la rudesse des éléments). Au fil du disque, des connexions se font, une chanson française des grands espaces voit le jour, une folk débarrassée de son académisme de mise chez les copistes, pour une musique faite de silence, de son et de minéralité. Après cette appropriation l’idée de construire une cabane pour figer le temps là où la vie n’est pas volée a pris corps, histoire d’être moi aussi en cohérence avec mes idées. Un beau disque plein de vérité.




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