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Bob Mould est devenu bien malgré lui une légende. En quatre décennies et une vingtaine d’albums, il a contribué avec le punk-hardcore de Hüsker Dü, puis le rock dit "alternatif" de Sugar, à poser les bases de ce qui engendrera le Grunge et sa multitude de rejetons qui sévissent encore aujourd’hui. Bob Mould est depuis toujours une référence pour nombre de musiciens (Greg Dulli d’Afghan Whigs, Dave Grohl, The Pixies...). À Découvrir Absolument lui a d’ailleurs déjà rendu hommage avec le Hors Série #6 et ses reprises de Beaster, l’indispensable album de Sugar sorti en 1993.

À l’instar de Neil Young ou (plus proche de lui) de Dinosaur Jr, Bob continue de sortir des albums énergiques et efficaces, avec une fraicheur sans cesse renouvelée. Certes, pas de grande surprise ici avec ce nouvel album. En quarante ans de carrière, Bob Mould a su se forger une identité propre, originale et reconnaissable dès les premières notes, et si il a osé explorer d’autres horizons de par le passé (notamment à travers ses expériences plus électro avec Modulate en 2002 ou Body Of Sound en 2005 ), on retrouve ici le Bob du siècle dernier, toutes distos dehors et la rage au ventre.

En effet, même si l’album ouvre avec un titre acoustique, ce dernier annonce la couleur : Bob est en colère et a des trucs importants à dire. Revendicatif comme à ses début, le chanteur aborde des problèmes pourtant très actuels (avortement, environnement, homophobie...) sur fond de rock énergique et saturé aux réminiscences punk hardcore. American Crisis, initialement composé pour Sunshine Rock son précédent opus, mais finalement jugé "trop lourd" par son auteur, reste un des titres phares de l’album, protestataire,brutal et désespérément lucide.

Contrairement à son prédécesseur Berlinois, Blue Hearts a été enregistré à Chicago au mythique studio Electrical Audio (fondé par Steve Albini) par un collaborateur de longues date : Beau Sorenson (Superchunk, Sparklehorse, Garbage...). Et si Bob n’a pas resollicité l’orchestre de 18 cordes ayant participé à Sunshine Rock, il a néanmoins conservé les talentueux Jon Wurster (batteur de Superchunk, Mountain Goats...) et Jason Narducy (bassiste ayant collaboré avec Superchunk, Eddie Vedder, Liz Phair...) pour retrouver une formation power trio rock compacte et robuste, comme à ses débuts.

Presque 40 ans après le premier 45 tours de Hüsker Dü, Bob Mould fait toujours du Bob Mould, et c’est rassurant de savoir qu’il reste ce genre de repère immuable, tel un phare dans la nuit. Il n’est plus le "jeune homme de 22 ans qui n’avait pas encore avoué son homosexualité", autodestructeur et violent. Mais du haut de ses (presque) 60 ans, Bob démontre aux sceptiques que l’heure de la retraite est encore loin, que sa fureur est intacte, la maturité en plus.




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