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Ecrire une chronique d’album c’est donner le désir irrésistible à celles et ceux qui la lisent de quitter toute activité ménagère pour foncer écouter ledit album dans les plus brefs délais. Exercice périlleux et surtout laborieux quand on veut sortir du carcan « j’adore, c’est trop génial, il fera parti de mon top de l’année… ». Comme dirait l’autre, c’est un métier !

Aborder « Tigre, avec états d’âme » de Centredumonde n’échappe pas à cette dichotomie entre cette envie profonde de servir de passeur et cette difficulté presque maladive de trouver les mots qui ne feront pas fuir les quelques lecteurs de cette chronique qui cherche sa voie.

Au-delà des textes qui sont emplis d’une poésie névrotique, d’une ironie orgasmique, de vérités criantes, ce qui me frappe le plus à l’écoute, et surtout après plusieurs écoutes, c’est la richesse musicale qui nourrit chaque chanson de l’album. On pourrait sortir un single de chaque titre et à chaque fois un autre univers harmonique s’offrirait à nos oreilles reconnaissantes. Ils sont rares ces disques qui nous tiennent presque jusqu’au terme de la dernière chanson, souvent on a vite déguerpi dès le troisième titre en quête du Graal. Centredumonde le tutoie à certains moments…

Eh oui, sans doute à la surprise de son créateur, « Tigre, avec états d’âme », recèle plusieurs « tubes » en puissance (Aussi lent que le Mexique, On ne vieillira pas ensemble, A tes yeux endormis). Alors bien sûr pas pour postuler à la chanson d’été sponsorisée par une marque de soda mais plutôt pour celles et ceux qui ont pris en pleine poire la déferlante poétique d’un Bashung et qui aiment se trémousser sur une piste de danse en fermant les yeux cherchant une certaine transe afin d’oublier sa vie monotone et indigente.

Pour tout cela je dis merci à Centredumonde de faire qu’une certaine idée de la « chanson française » ne soit pas encore morte.