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Stephen Malkmus a décidé de prendre à rebrousse-poil son fan club avec cet audacieux album électronique tant annoncé et tant attendu, quitte à en perdre une partie en route. Il a su y distiller toutes les meilleures influences Break Beat, tout en y injectant rythmiques Acid House, nappes de Synthwave et reminiscences Drum n’ Bass.

Non, je déconne.

Si je me joins à la relative unanimité pour dire que Groove Denied est un bon album, je ne partage pas ce sentiment de "mise en danger", de "manifeste aventureux" ou "courageux" tel que j’ai pu le lire à mainte reprises dans la presse dite spécialisée.

Certes, Stephen Malkmus s’éloigne (un peu) des sentiers battus et rebattus au sein Pavement ou en compagnie de ses Jicks. Pour cet album, il a (un peu) mis de côté ses guitares au profit de synthés vintages qu’il s’amuse à bidouiller avec inspiration, nourri de Krautrock (Viktor Borgia), de Dark Wave (A Bit Wilder) ou d’ambiant 80’s (Forget Your Place). Mais Stephen donne le ton dès les premières mesures avec la polyrythmie entre le beat bontempi et la basse synthétique : électro peut-être mais slacker toujours.

Et que les fans inquiets (s’il en eût) se rassurent, après quelques morceaux à jouer (avec talent !) à l’électro-crooner à la Gary Numan sur fond krafwerkien, Malkmus cède à ses réflexes reptiliens, ressort sa 6 cordes et revient à ce qu’il fait le mieux, des tubes rock mid-tempo, désinvoltes et foutraques mais super efficaces, tels que Come To Me (avec son ambiance 60’s et son refrain imparable), le très pavementien Rushing The Acid Frat, ou l’excellent Ocean of Revenge. De l’électro annoncée ne subsiste alors qu’une ou deux intros absurdes, quelques boites à rythme et une once d’arrangements plus ou moins bruitistes (Love The Door)... qui ne surprennent pas outre mesure quand on connais un tant soit peu l’animal. J’ai finalement presque été plus surpris par les saxophones concluant Ocean of Revenge !

Avec cette chronique, vous n’aurez sûrement pas appris grand-chose, surtout si vous avez déjà parcouru les chroniques de nos collègues, mais je tenais tout de même à exprimer mon désaccord sur la nature dite révolutionnaire de l’album. Je relativise en effet la prise de risque d’un musicien accompli et talentueux qui arpente la scène rock depuis plus de 30 ans et qui continue à faire ce qu’il a toujours fait, en remplaçant (un peu) sa base guitare/basse/batterie par un synthé. On reste loin des extravagances de Mike Patton, Beck ou Jim O’Rourke, ou de l’éclectisme des Beastie Boys...

Avec ou sans électro, Malkmus fait du Malkmus, et ça tombe bien, c’est ce qu’on attend de lui.




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