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Immédiatement, une impression en gerbe de flocons : les notes adoucies du piano enregistré comme très près de nous, comme si l’on était à l’intérieur du piano, qu’on découvrait sa mécanique, une mécanique qu’on aurait ouatée, dont on serait emprisonné comme en un cocon où l’on aimerait à être emprisonné, comme une alcôve secrète où l’on se reposerait.

C’est que les formes que revêtent les mélodies du premier album de Runar Blesvik résonnent comme en elle-même, de manière intérieure plus que pour s’étendre à l’extérieur et au loin : on est dans la dissimulation, le repliement sur soi des notes, qui rappelle sans manquer le Nils Frahm des débuts (penser More ou Wintermusik). Sur Days ce sont toutes des touches orientalisantes, des vents synthétiques lointains, qui feraient aussi penser au Alone in Kyoto de Air, on pense aussi parfois aux boucles de piano de Brian Eno, bref : on est dans la réserve, dans la respiration.

Au fil de l’album, des nouveaux instruments paraissent, densifiant les textures et apportant leurs renflements particuliers : Minor Major qui laisse les éléments électroniques s’agiter et perler en étincelles, comme un petit acte fou éclaircissant soudain la torpeur générale. 1976 vient rappeler à la mémoire le froid Oxygen de Jarre (sorti en… 1976) en jouant sur des sonorités plus analogiques, plus vieillies, et s’étendant plus largement, autour d’un beat entêtant : là on a le temps pour se traîner, se souvenir, se faire emporter sur ce jeu beau dans sa désuétude, charmant dans ses harmonies, sa superposition de plaques abstraites. Tout est saisi au vol, tout est délicat dans ces ébauches de nuages où passent des souffles glacés.

Au final, Blend ne sort jamais d’une zone de confort où l’on se sent bien, zone composée de toutes ces petites discrétions un peu simples, simplistes peut-être, minimalistes et belles, c’est un disque pâli et rond, un premier effort peut-être trop référencé : on a déjà entendu ces claviers froids de marbre par le passé, et peut-être même dans des formes mieux sculptées. Seulement, on ne se lasse jamais vraiment de réécouter ces formes inoffensives et bien exécutées, ces objets polis : comme une pièce mineure d’un beau musée.




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