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Ouf ! Avec Il Francese, Murat abandonne les bidouillages gloubi-boulga du WTF Travaux sur la N89 pour revenir aux affaires sérieuses. Soit : une collection de chansons pour les humains – et non plus pour les habitants de la Black Lodge. Du Murat qui laboure son territoire fétiche : lui-même ! Autoportraits biaisés, identifications iconiques, aveux clins d’œil – avec pas mal d’humour et de mystères à décrypter.

Le cru 2018 n’abandonne cependant pas l’électronique de Travaux, mais, sur ce point, Murat se montre très prudent. Pas question, pour JL, d’à nouveau passer deux longues années à triturer les machines (Dolorès), pas question non plus de bâcler l’affaire. Il Francese ressemble ainsi à un album de transition, à une étape (finalement mineure) dans la pléthorique discographie Murat : comme si le silence de Toboggan se drapait de très discrets ajouts synthétiques, comme si Jean-Louis revenait fureter vers l’électronique avec méfiance mais sincères envies.

Il Francese est un disque qui cherche ses marques, qui expérimente avec discrétion, regarde l’horizon des possibles mais refuse encore de s’y engouffrer pleinement. Album du doute, du compromis sincère. Murat s’observe, il analyse l’électronique, il réfléchit à un retour vers Le Manteau de pluie et Dolorès. La question technologique travaille vraiment Murat depuis Travaux. Jean-Louis sait néanmoins qu’il fut l’un des premiers en France à malaxer les ordis. Revenir vers le synthétique exige ainsi, pour lui, diverses étapes intermédiaires, des tentatives, des recherches. Dont Il Francese est un second volume après Travaux sur la N89.

En 2019, Murat risque d’enregistrer le meilleur album de l’année. Un disque dance.