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Sacré meilleur compagnon pour les longues routes à la poursuite des concerts et des vagues qui rechargent en énergie, dire que "Les saisons du silence" nous a touché est un euphémisme. Il a tourné (et tourne encore) plus que de raison. Aussi, quand Olivier Depardon nous annonce que son successeur est enregistré (voir l’interview ), nous sommes aux anges. Peu après, nous découvrons ces nouveaux titres en concert, qui nous font forte impression : s’en dégage à la fois quelque chose de familier, comme si nous les connaissions, et une évolution assez marquée sur la façon de composer, qui laisse plus de place aux ambiances, aux claviers, et aux rythmiques dépouillées et entêtantes.

Quelques mois et un changement de label plus tard, nous accueillons enfin "Avec du noir avec du blanc". À la première écoute, on retrouve ce qui nous avait scotché lors du concert : tout y est, des titres qui prennent le temps de s’installer et vous emportent avec eux, l’air de rien, dans un méandre de mots et de sons qui vous entoure comme un cocon ; les textes finement ciselés – pour la plupart écrits par Emmanuelle Damour et Dominique Seccia, déjà présent·e·s sur le précédent album – qui sous un abord poétique font écho à nos vies ; la voix, cette voix si reconnaissable avec sa façon de poser les mots comme des évidences, de jouer avec la sonorité et le rythme pour tomber juste là où ça résonne.

Contrairement au précédent album, "Avec du noir avec du blanc" a été composé et enregistré dans son studio de Grenoble, sur une période longue, permettant des temps de réflexions, avec la possibilité de revenir sur les compositions, les éditer, les malaxer, en optant plus pour la soustraction que l’addition, et trouver un juste équilibre, aidé en cela par Daniel Bartoletti et Pierre Thouzery, ses complices depuis plusieurs années.

On sait qu’Olivier a été marqué par l’album Hold/Still de Suuns, on s’aperçoit qu’il a intégré dans sa musique l’esprit d’épure propre au groupe canadien, où la batterie et le clavier occupent une place centrale, laissant se développer un thème qui prend son essor sans systématiquement passer par l’avalanche de guitares (mais ça arrive tout de même, soyez rassurés). En témoignent les titres "La lame de la nuit" (le cœur qui bat), l’instrumental "Horses" qui fait partir loin, "Le bel effort" et son riff final imparable.

Plus directs, "Autopsie du foie" & "Un retour en enfer" donnent le ton dès les premières notes là où "Un mot" envoie un uppercut et renvoie aux guitares acérées libératoires post Virago, option K.O.

Un bel album aux 50 nuances de sons, avec du noir avec du blanc, et des ondes de plaisir sonique.

Écouter et acheter :

À noter qu’il est possible de se procurer un beau coffret en bois avec les albums Lomostatic, Bleu Russe, Nuage Fou, Olivier Depardon, tous les 4 fraichement sortis sur l’excellent label Petrol Chips.