Comme le dit si bien Orlesan dans son dernier album, je déteste les fêtes de famille, et moi d’ajouter encore plus les fêtes de villages, un paradoxe de plus pour l’animateur d’un comité des fêtes rurales que je suis.

Le point d’achoppement entre moi et les participants joyeux de ces réunions est la musique. J’ai beau participer au redressement des Hauts de France dans le classement des régions les plus alcooliser, je n’y arrive pas, je finit par même friser le ridicule en meuglant ma haine de la programmation musicale, parlant de terrorisme beauf, de musique pour chèvre.

J’avais déjà loué le temps d’un premier album le talent quasi improbable de Francky Goes to Pointe-à-Pitre, mais là je pourrais presque parler d’une forme de magie divinatoire. Réussir un disque comme celui-ci est improbable.

Une liaison quasi impossible, la jonction de deux mondes quasi opposés à l’extrême, comme réunir dans la même pièce des lecteurs de Derrida avec ceux de Patrick Sébastien (si si, il parait qu’il écrit également des livres) autour d’un banquet tout aussi raffolent que festif, et de voir ressortir bras dessus bras dessous ces convives, s’échangeant adresses et numéros de téléphone pour se revoir prochainement.

Ce qui est fort au final c’est l’absence d’incongruité (je vous passe même un tracklist à envoyer Ruquier définitivement en orbite dans un système solaire lointain, pour le bonheur de tous), comme si la greffe enfin bien plus qu’un greffe avait donné naissance à un fruit pas défendu et bigrement additif.

Jamais caricatural, parvenant à des liaisons évidentes (si si le math rock avec le coupé décalé cela le fait) à l’écoute, mais infaisables sur le papier. Vivement les prochaines fêtes de famille ou de village pour passer pour le bonheur de tous ce disque. Énorme plaisir absolument pas coupable.