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Les membres de Rouge Gorge Rouge en plus de leur talent de musicien, ont un sens de l’humour bien à eux. Après avoir choisi l’un des noms de groupe les plus énigmatiques de la scène française qui pourtant est déjà pourvue de quelques phénomènes dans le domaine, les Bordelais récidivent avec le nom du nouvel opus, le mal nommé "Hypersomnia". Après une première livraison datant de 2014, "Froast" et son rouge gorge en pochette, les Bordelais reviennent donc avec un titre aussi drôle que celui de l’album caché de Lee Ranaldo « Clearsyl Time » ( que les malades, les fans hardcore de SY arrêtent de ce pas leurs recherches sur le net, c’est une blague, car moi aussi j’ai un sens de l’humour).

Ou je fais carrément fausse route (une habitude). Ce disque serait alors un traitement pour lutter contre cette gêne touchant 5 % de la population mondiale (principalement celle amenée à siéger dans des parlements ou des assemblées). Car si Rouge Gorge Rouge ne fait pas dans la démonstration musculaire tel un aigle prenant dans ses griffes trois lapins des Flandres, le groupe ne fait pas dans la musique apaisante, mais sans jamais tomber dans une déstructuration, concasse pas mal les sons, s’emberlificotant autour d’une mélodie pour la presser comme la mère Denis le faisait avec son linge avant que Vedette (qui comme moi mérite votre confiance) n’invente l’essorage et le sèche-linge.

Sur une ligne, nos trois musiciens se baladent comme des moutons sautant une haie, sans que nous ayons le temps de les compter pour nous endormir (le fantastique "Constantine", qui a lui seul réjouira le premier mélomane voulant s’exclure d’un sommeil profond). Mais ce disque a en son sein une forme de perversité. Car il sait accompagner une sieste naissante, un endormissement par des sons à la fois répétitifs et clairs pour ensuite mieux vous cueillir dans cet état semi-conscient dans lequel parfois des rêves vous donnent l’impression de vivre dans un monde brillant et non bruyant.

La prouesse est aussi dans l’habitude qu’a le groupe à simuler une forme de descente vers le marchand de sable, de façon hypnotique et martiale (Punk Flamingo) évitant la surabondance sonore, jouant presque en sourdine, inventant une sorte de berceuse pendant laquelle une transe fatiguée se prendrait une rouste sévère par un groupe de sauvages tapant en prenant garde de placer le coussin entre l’arme et la victime.

"Hypersomnia" est un disque tout en fausse délicatesse, un disque qui s’éloigne du pugilat pour organiser une bataille de polochon sans que celle-ci n’entraine l’éventration et la dilapidation des plumes, et pour un groupe avec un nom pareil c’est la moindre des choses.

’Hypersomnia’ le disque qui va vous empêcher de dormir sur vos deux oreilles (bon en même temps essayez de le faire, physiquement c’est impossible) sans vous brusquer, mais en vous gonflant la cervelle de moineau que vous pouvez avoir quand la facilité vous entraine à ronfler pour empêcher l’hypersomnie de votre conjointe. Le cuicui contre le ronflement.




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