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Bon, franchement, Miley Cyrus, on s’en cogne un peu beaucoup. Les quelques hits entendus jusqu’à présent donnaient l’impression d’une pop certes commerciale (pas un problème) mais bien trop formatée pour s’apparenter à un plaisir coupable. Du reste, après tout, Katy et Britney commencèrent elles aussi par commettre des crimes impardonnables pour ensuite révéler une facette ironique (via la première) et dark trash (la seconde)… Et donc, quand la presse unanime s’emballe soudainement pour le nouvel album de l’ex Disney Girl (distribué gratuitement), on accepte d’y jeter une oreille – dès fois qu’il s’agirait, comme certains le sous-entendent, d’un truc à te ridiculiser Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.

Deux points incitent également à l’écoute de ce Miley Cyrus and Her Dead Petz. D’abord, le fait que l’on ne rechigne jamais à s’envoyer une bonne rasade de sucreries pop maintream et de laisser fuser un enthousiasme parfois contagieux (pour preuve : sur les quelques trois cents chroniques que j’ai rédigées pour ADA, celle dont-on ne cesse aujourd’hui encore de me parler concerne… Katy Perry !). Ensuite, Wayne Coyne (oui, le seul, l’unique) supervise la production du disque ; et Ariel Pink (pas le dernier des mécréants, ça va) collabore à un morceau. Alors, peut-être : Miley plus Cyrus que Circus ?

Album de vingt-trois titres (vingt-trois !? Wouh pinaise !), MCHDP (on va raccourcir, hein) commence par un Dooo It ! qui devrait bien plus contenter les fans de Lady Gaga que les apôtres de New Order : c’est baveux et faussement hardcore (on ne sait d’ailleurs trop à quel degré prendre les paroles), très vite irritant mais heureusement assez court. Fausse entrée en matière puisque le reste de l’album ne se compose (presque) que de ballades…

Ni géniales ni honteuses, les dérives lacrymales de Miley Cyrus possèdent une production un brin cahin-caha : pas trop propre (effectivement, on suppose que les Flaming Lips participent à l’affaire) mais pas trop crade non plus (aucun risque que le public MTV se sente floué). Convergence entre ces deux extrêmes : la voix de Miley. Sur ce point, on encaisse les quatre premiers morceaux (non sans déplaisir, d’ailleurs) et puis on comprend l’arnaque : cette fille ne chante pas, elle interprète ses propres textes. Chaque éraillement, chaque inclinaison Kleenex, chaque expérience vocale laissent entendre une jeune chanteuse qui préfère les intentions à l’émotion. C’est du vécu broyé au shaker strass & paillettes, un salmigondis de phrases (certainement rédigées sous fumette tant le n’importe quoi bat ici des records) qui se déhanche sur un tapis rouge, le souhait de paraître intime en exclusivité pour le public du Super Bowl

Disque de transition entre les niaiseries d’hier et une soif d’émancipation toujours guindée ? Non, MCHDP est beaucoup moins nature et mature qu’il ne s’en vante. On sent, chez Miley Cyrus, un calcul tout bête : trouver crédibilité auprès de la caste « indie / mélomanes / vive les Smiths / Nick Kent / Toxic j’adore ». Comment ? En prouvant, via Wayne Coyne et des paroles droguées (heu, à l’herbe ; l’héro, c’est pour les divas qui ne supportent pas la célébrité), que tous ces connards d’élitistes rock ne sont rien d’autres que des hipsters toujours prompts à frimer dès lors qu’il s’agit de défendre du « commercial qui n’en est pas vraiment ; tu vois ou t’es à la ramasse des dernières tendances musicales ? ». On aime le commercial, on adore revoir nos jugements à la hausse, on reste convaincu qu’une tête à claques pour ados est capable de se transformer en pointilleuse popstar totalement irrésistible… À condition, mademoiselle Miley, de ne pas venir vous frotter à notre entrejambe de façon aussi peu discrète…




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