Décidemment, Toolong Records ne connaît que l’excellence. Aucun copinage ni jugement à l’emporte-pièce dans cette affirmation aussi sincère que ressentie. Car de Twin Apple à El Botcho, le label toulonnais n’a jamais cessé de fraterniser avec nos propres goûts musicaux, sur un mode intime et toujours exigeant. « Twenty Six », premier EP du duo Boreal Wood, est, continuité logique, un nouveau gros coup… Produits par rien moins que Robin Guthrie, ces quatre titres (qui annoncent un album pour 2015) hypnotisent à un point rare.
Les voix d’Anthony Herbin et d’Elizabeth Cervetti s’enchevêtrent harmonieusement sur une musique qui ne peut laisser insensible : les ombres de « Disintegration », de « Loveless » ou de… « Treasure » se font ressentir, jusqu’à l’extase et l’abandon. L’auditeur parlera ici de dream pop et de shoegaze, de cold et de front wave… Vrai mais réducteur : chez Boreal Wood (comme hier, dans un genre indie-pop, avec El Botcho), les références se superposent en strates consanguines, Cure se retrouve propulsé dans un bel ailleurs, Bilinda Butcher rencontre l’éternité, Cocteau Twins fait de la noise…
L’extase et l’abandon ? Personnellement, et cela même si l’intégralité de cet EP m’a procuré un sacré frisson, il y a longtemps que je n’avais pas bloqué à ce point sur une chanson tel aujourd’hui avec « Unheard Prayers » (qui rime à mes oreilles avec « One Hundred Years »). Comme un « Pictures of You » tout en crescendo diabolique, montée extatique et jouissance espérée. Une chanson orgasme ! Il sera difficile de patienter jusqu’à la sortie du LP de Boreal Wood tant les promesses résonnent vastes. En attendant, il faudra acheter ce maxi en deux exemplaires (de peur que l’un ne se perde ou se fasse chourer par un ami conquis).