N’avoir jamais vu Mein Sohn William en concert est « un bien triste sort ».Voir ces deux forcenés (Dorian Taburet, désormais accompagné par Antoine Bellanger) se démener comme des fous sur leurs claviers, guitares, percussions et pédales en tous genres est tout simplement euphorisant.Alors face à une telle dépense d’énergie, l’enregistrement de titres en studio peut paraître artificiel et ne pas réussir à rendre compte de cette alchimie précaire et quasi-miraculeuse de leur prestation sur scène. Sauf à proposer des morceaux inventifs et travaillés, comme a réussi à le faire brillamment Mein Sohn William sur ce deuxième album. Une richesse de composition déjà présente sur Follow your lead et Rebecca, mais qui prend toute sa dimension sur la fin de l’album, sans doute plus noire, plus expérimentale, où de No longer walk à Dear husband, on se retrouve face à quatre morceaux qui forment un ensemble dense, presque angoissant et qui se cloture en apothéose sur un Dear husband, déjà présent sur le premier album, mais ici dans une version totalement aux abois.
Alors il reste bien sûr ces morceaux potaches qui font le charme si reconnaissable de Mein Sohn William, que ce soit cette dédicace au footballeur du Stade Rennais, Romain Danzé, en introduction de l’album, ces interludes ou cette conclusion en forme de remerciements à tous les musiciens intervenant sur l’album. Mais ce ne serait pas rendre justice à cet album que de ne le décrire qu’en évoquant bricolage, DIY ou lo-fi. Car, à la manière d’un GaBLé ou d’un Piano Chat (pour ne parler que de ceux qui sévissent dans l’Ouest), c’est à un travail savant de déconstruction de la pop que s’astreint avec bonheur Mein Sohn William. Il va bien donc falloir finir par les prendre au sérieux !