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J’aime ça, j’aime tout simplement ce sentiment d’illimité, d’horizons repoussés, de steppes sans haies et de prairies sans barbelés, ce vent dans les cheveux, ces mains en dehors des vitres des voitures, j’aime ces voyages qui tannent les peaux, l’or des chemins, l’or puisé dans les chemins. J’aime cette odeur qu’a le folk, chargé du grain de poussière nomade et de mains faisant ombre, appuyées sur le front, qui scrutent les plaines sonores en recherchant la meilleure façon d’exprimer le sauvage et le sage , la tempête au loin et le feu dans la cheminée, sans pour cela oublier les cowboys de cités et les modernes des campagnes. J’aime celui qui voyage par les yeux et les pas, enivrés des sons d’une enfance entre Petty et Young (Tom et Neil), ce petit bout en écho de Grant Lee Buffalo de « America snoring », tant conscient de sa tristesse comme il est inconscient de sa rage. J’aime celui qui contemple avant de parler, celui qui ressent avant de chanter. Adam Wood est de ceux-là, de ceux qui font la route un peu comme la beat génération voyait la vie, aux extrêmes des libertés, a deux doigts des vérités, et sans se presser, buvant le temps, s’offrent le plaisir au bon moment, d’un disque, d’un chant, d’une étape sur le chemin, de recevoir l’or, poussière de la route. Oh, sans doute les terres marchées ne sont pas toutes réelles, l’imaginaire est aussi un trajet, mais les hauts-et bas promenées, les cimes et vallées cheminées, ont doté ce petit Ep. de trésors, clichés aurifères aux odeurs de conifères, pins et arbustes de déserts, ronces et fleurs, ciel et terre. Il a fallut cinq ans alors pour mettre a jour ce carnet de paysages, petits croquis a la mine de charbon, parfois adoucis d’aquarelle, d’averses frêles, mais dont les traits précis offrent un portrait d’un voyage, entre fuite et recherche du bonheur, dans l’énergie de l’éternelle jeunesse de celui qui part « The great escape », dans la fatigue de celui qui cherche où rester « Golden land » dans le doute de celui qui erre « I’d rather be dead », tous sont des rythmes de défilés, plus ou moins glorieux, mais interprétés avec une force et un naturel qui entraine, qui emporte, l’invitation au voyage. Il y a bien sur un lourd travail de création, de prendre ses distances de ces sonorités souvent répétées de ce genre musical, cette dure labeur d’être soi, on comprends là la nécessité du temps pris, le besoin d’apprendre a respirer et a marcher pour faire ce parcours, le temps dédié a la lettre juste, ni trop luxueuse ni trop sale, a la tonalité des cordes des guitares, a l’habillage strict et juste des mélodies, ne pas mentir, ne pas en faire trop, mais ne pas être nu, ne pas rater l’avion, et ne pas tromper les pères de cette nation sonore, ni copier, ni coller, sinon engendrer, créer. « Hello again » est titré comme un retour, qui sait si pour ces cinq ans d’invisibilité, ironie pour un quatre-titre qui suinte le voyage et l’ailleurs, le départ et les panoramiques d’un instant de vie, mais c’est aussi un titre de présentation, de mise a jour, d’auto-découverte, de renaissance, un folk-rock poétique et sans barbelé, de prose simple comme une pollinisation des plaines, naturel, comme un sentier, une sente, un chemin a faire, a suivre…A suivre.




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