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C’est toujours la même histoire : un groupe anglo-saxon vient à peine d’enregistrer deux ou trois chansons que celui-ci se retrouve introniser « meilleur espoir de l’année prochaine ». Auparavant, cette pratique mégalomane était essentiellement appliquée par l’institution NME. Depuis quelques années maintenant, la presse française (qui hier fustigeait ce type d’engouements à la-va-vite) se complait à nous balancer, chaque semaine durant, « le nouveau groupe ou artiste sur lequel il va falloir compter et si t’adhères pas t’es vraiment réac ». Comme nous sommes tout de même à la recherche d’un coup de cœur, également car nous aimons suivre (souvent de loin) les tendances musicales hype des douze prochains mois, nous nous efforçons de ne pas condamner les journalistes grabataires avant d’avoir écouté le cheval sur lequel ces derniers ont décidé de miser leur carte de presse. Dernière folie des cinq (six ?) derniers mois : les écossais de Casual Sex. Un EP quatre titre à leur actif, un label forcément tendance (Moshi Moshi) et voila déjà ce jeune quatuor qualifié de nouveau Franz Ferdinand (comme intronisation, y a mieux).

Le disque résonne à peine dans nos enceintes que le cousinage avec Franz Ferdinand s’impose naturellement. Des rythmiques dansantes, des guitares façon Postcard, un chant fédérateur… Autrement-dit : Casual Sex récite de l’Edwyn Collins sans peut-être n’avoir jamais écouté une seule chanson de l’ancien leader d’Orange Juice. Ce ne serait pas bien grave si la mise en abyme n’exigeait certaines limites : Casual Sex qui s’inspire (volontairement ou pas, qu’importe) de Franz Ferdinand qui lui-même s’inspire d’Edwyn Collins qui lui-même… A ce stade de jeu de lego, les références virent au cul-de-sac, à des sonorités tellement institutionnalisées qu’il est tout banalement impossible de s’enthousiasmer pour une jeune formation récitant une histoire de la pop précédemment argumentée par d’autres (en mieux). Casual Sex, c’est un peu la leçon de grammaire que les élèves de cinquième doivent à nouveau se farder alors qu’ils la connaissent déjà dans les moindres détails : du rabâchage, une insistance lourdingue qui n’entraîne qu’ennui et désintérêt.

Il y’a pourtant quelques motifs non négligeables chez Casual Sex : un chanteur oscillant entre Bowie et Elvis Costello, quelques gimmicks accrocheurs, une rythmique guère plus mauvaise que chez d’autres… Demeure cependant la terrible sensation de visiter l’épouvantable Musée Grévin : face à une copie-carbone, impossible de n’éprouver autre-chose que la politesse de la froideur, une neutralité distante, un banal « bien imité mais rien à foutre ». Oui, l’EP des sympathiques Casual Sex ne mériteraient, si le groupe était toujours collégiens, qu’un avis professoral du genre : « les bases ne suffisent pas ! Il faut exprimer sa propre pensée. »




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